Des milices pour combattre les insurgés en Afghanistan

En novembre 2009, des villageois, excédés par les actions des insurgés, avaient constitué une milice locale, dans la province de Kunduz, située au nord de l’Afghanistan. « Les taliban comme les soldats étrangers nous assassinent, cela ne plus continuer. Alors nous avons décidé de prendre les armes et de chasser les taliban de nos villages. Et maintenant, nous vivons à nouveau dans le calme » avait alors déclaré Abdul Jalil Tawakal, un chef tribal du district de Qala-i-Zal.

Dans le sud du pays, les forces spéciales américaines entraînent les villageois souhaitant organiser leur propre protection. « Nous ne voulons pas créer de milices, ni faire quoi que ce soit qui affaiblisse le gouvernement ou la police » avait alors tempéré, en juin, le général Ben Hodges, le responsable des opérations des forces américaines dans la région. « Nous ne distribuons pas d’armes, mais nous fournissons de l’argent pour finance des emplous ou des formations de base : comment se servir d’une arme, faire des patrouilles ou protéger des véhicules » avait-il expliqué.

Comme un récent rapport des Nations unies l’a démontré, les civils sont les premières victimes des attaques menées par les insurgés. Un exemple : le nombre d’enfants tués par l’explosion d’une bombe artisanale ou lors d’un attentat suicide a augmenté de 155% au cours du premier semestre 2010 par rapport à la même période, l’an passé. Et près de 76% des morts et des blessés sont le fait d’actions menées par les insurgés.

Aussi, l’idée de créer des milices locales, et d’encourager ainsi la démarche des villageois du district de Qala-i-Zal a fait son chemin. D’autant plus qu’en Irak, la stratégie qui a permis de réduire les violences reposait sur les services de miliciens Sahwa, qui étaient d’anciens insurgés sunnites convaincus de combattre al-Qaïda.

Ainsi, quelques semaines après que le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité, le général Petraeus, également artisan de la mise en échec de l’insurrection irakienne, a proposé de créer officiellement des milices au président Karzaï, un accord a été trouvé pour mettre en place une « force de police locale » dont les effectifs seraient fournis par des villageois.

Le gouvernement afghan vient ainsi d’annoncer la création de deux milices locales, avec le concours de l’armée américain, dans les provinces du Wardak (centre) et de l’Uruzgan (est). Il s’agit de recruter, au final, près de 10.000 hommes, et dont la rémunération sera équivalent à 60% de celle d’un policier.

Ces miliciens dépendront du ministère afghan de l’Intérieur, afin de ne pas favoriser l’émergence de nouveaux « seigneurs de guerre », comme cela s’est vu au cours des années 1980, qui, une fois le danger écarté, pourraient braver l’autorité du gouvernement de Kaboul.

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