Afghanistan : Le début du retrait militaire américain en Juillet 2011 fait débat

La tâche du général David Petraeus, le nouveau commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) en Afghanistan, est compliquée. Et elle l’est davantage encore quand un délai pour la réussir lui est imposé.

Ce délai a été fixé à juillet 2011. C’est en effet à partir de cette date que le retrait militaire américain devrait commencer. Or, pour l’ancien chef de l’US Centcom, le commandement américain pour le Moyen Orient et l’Asie centrale, cet objectif n’est pas gravé dans le marbre.

« Nous avons eu une bonne discussion sur cela et je pense que le président (Obama) a été très clair en expliquant qu’il s’agissait d’un processus, pas d’un évènement et que cela dépendra des conditions » sur le terrain a ainsi déclaré le général Petraeus, lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision NBC, le 15 août. Pour ce dernier, cette date, annoncée en même temps que la nouvelle stratégie de l’Otan en Afghanistan par le locataire de la Maison Blanche, n’est « pas contraignante » mais elle sert à souliger « l’urgence accrue » à obtenir des résultats.

En clair, le général Petraeus a besoin de temps pour appliquer la nouvelle stratégie, adoptée il y a à peine 9 mois. Et le calendrier des opérations en Afghanistan ne coïncide pas avec l’agenda politique à Washington. En juillet 2011, une nouvelle campagne électorale sera sur le point d’être lancée et l’actuel président américain comptera certainement briguer un second mandat. Et le retour des troupes aux Etats-Unis serait de nature à favoriser ses chances.

C’est pourquoi la Maison Blanche a affirmé, au lendemain des déclarations du Général Petraeus, que la date fixée pour un début de retrait en Afghanistan n’était « pas négociable », tout en soulignant qu’il n’y avait « l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette » entre les positions du président Obama et celle du chef de l’ISAF, dont les propos auraient été « sortis de leur contexte ».

Pour le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, l’amorce d’un retrait militaire américain d’Afghanistan se fera bel et bien à la date fixé par la Maison Blanche. « Il n’y a aucun doute, dans l’esprit de quiconque, que ke retrait des troupes commencera bien en juillet en 2011 » a-t-il affirmé au Los Angeles Times, tout en précisant toutefois « qu’il n’a pas été question d’une baisse massive et rapide » des effectifs.

Le chef du Pentagone a en outre indiqué que les progrès plus rapide que prévu de l’armée nationale afghane – qui est en avance sur ses objectifs de recrutement – laissent augurer des transferts de compétence dans un proche avenir. « Avec des forces afghanes supplémentaires, nous pouvons nous placer sur le chemin de la transition dans plus d’endroits dans le pays » a estimé Robert Gates.

Dans un autre entretien, accordé cette fois à Foreign Policy, le secrétaire à la Défense, qui était au départ hostile à l’évocation d’une date de début de retrait, a expliqué son revirement. « J’ai fini par être persuadé de la nécessité de faire quelque chose afin d’attirer l’attention du gouvernement afghan, pour l’obliger à prendre les choses en mains. Et j’ai reconnu que cela présentait des risques » a-t-il expliqué.

Nommé à la tête du Pentagone en 2006 par George W Bush afin de remplacer Donald Rumsfeld et maintenu à ce poste par Barack Obama, Robert Gates a par ailleurs annoncé qu’il quitterait prochainement ses fonctions. « Je pense que dans le courant de l’année prochaine, je serai en position (…) de savoir si notre stratégie fonctionne en Afghanistan. (…) La stratégie d’envoi de renforts aura été achevée. Nous en aurons fait l’évaluation en décembre (2010). Et il me semble que dans le courant de 2011, il y aura logiquement un moment pour passer la main » a-t-il annoncé.

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