Nouvelle démonstration de force en Mer Jaune

Depuis le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan, en mars dernier, dont la responsabilité a été attibuée à la Corée du Nord, les démonstrations de force se succèdent en mer Jaune.

Ainsi, après avoir mené des exercices militaires conjoints de grande ampleur avec les forces américaines le 25 juillet, l’armée sud-coréenne a récidivé quelques jours plus tard en organisant les plus grandes manoeuvres navales de son histoire, avec la mobilisation de 29 bâtiments de guerre, 50 avions de combat et 4.500 soldats.

Cette fois, ce sont une autre série d’exercices militaires qui est au programme. Prévus pour durer pendant de 10 jours, ils impliquent à nouveau l’armée américaine, qui y prend part avec 30.000 hommes, lesquels viennent s’ajouter à 56.000 soldats sud-coréens.

Ces manoeuvres, appelées « Ulchi Freedom Guardian », en référence à un général sud-coréen, mobilisent l’USS George Washington, l’imposant porte-avions de l’US Navy. Et contrairement aux exercices de la fin juillet, il pourrait naviguer en mer Jaune, ce qu’il n’avait pas fait la dernière fois afin de ne pas irriter Pékin, qui voit toujours d’un mauvais oeil le déploiement d’importantes forces américaines non loin de ses frontières.

Selon le président sud-coréen Lee Myung-Bak, cette nouvelle démonstration de force est un « exercice pour la paix et la dissuasion ». Son objectif est d’améliorer l’interopérabilité entre les forces sud-coréennes et américaines et à contrer d’éventuelles attaques de Pyongyang faisant appel à des armes nucléaires, des missiles et des sous-marins.

Dans le même temps, un vaste exercice anti-terroriste a été programmé, afin de préparer la tenue du prochain sommet du G20, qui doit avoir lieu en novembre prochain. Pour l’occasion, 400.000 fonctionnaires sud-coréens sont mobilisés.

Comme à chaque manoeuvre militaire sud-coréenne, Pyongyang agite le chiffon rouge. Il était ainsi question de « représailles militaires » en juillet, puis de « riposte physique vigoureuses » au début du mois. Et il ne s’était rien passé. Cette fois, la Corée du Nord a fait savoir qu’elle était « prête avec son arsenal à balayer tous les ennemis (…) voués à être brûlés jusqu’à la mort » et a promis à son voisin du sud ainsi qu’aux Etats-Unis de leur infliger « la plus sévère punition jamais infligée à quiconque dans le monde. »

Toutefois, même si ces menaces restent sans effet, la Corée du Nord détient un équipage de marins-pêcheurs sud-coréens depuis la semaine dernière. Et Séoul suspecte le Nord d’avoir intentionnellement mouillé 130 mines dans des rivières, avant d’avoir procédé à des tirs d’artillerie en Mer Jaune.

Techniquement, les deux pays sont encore en guerre puisqu’il n’ont jamais signé de traité de paix depuis la guerre qui les a opposés de 1950 à 1953 et que Pyongyang a dénoncé, l’an passé, l’armistice qui avait mis fin aux hostilités. La situation est donc tendue mais aucun des deux pays n’a intérêt à se lancer dans une nouvelle guerre.

Quant à la forte présence militaire américaine dans la région, il faut la voir dans le cadre de la rivalité qui oppose Pékin à Washington. En effet, la Chine développe ses capacités navales car son commerce extérieur dépend à 90% des voies maritimes. A ce titre, l’armée chinoise a augmenté sa puissance de feu, avec la mise en service prochaine, au sein de son second corps d’artillerie, d’un missile balistique anti-navire (ASBM), le Dong Feng 21D, capable de couler un porte-avions.

Et le voisinage de la VIIe Flotte de l’US Navy ne lui plaît pas du tout, d’autant plus que les Etats-Unis continuent de soutenir Taïwan – deux frégates de la classe Perry devraient lui être prochainement vendues – alors que Pékin continue de la considérer comme une province rebelle.

Depuis quelques temps, les Etats-Unis avancent leurs pions en Asie. Le récent rapprochement avec le Vietnam, qui s’est vu proposer une accord de coopération nucléaire en est un exemple. Par ailleurs, Washington cherche à contrecarrer les ambitions de Pékin sur une vaste zone située en mer du Chine du Sud, qui a la particularité d’être riche en pétrole et en gaz.

Pour la Chine, cette zone, qui s’étend à plus de 1.000 kilomètres de ses côtes et qui comprend notamment les îles Spratley et Paracel, fait partie de ses eaux territoriales. Seulement, elle est également revendiquée par Taïwan et d’autres Etats, tels que le Vietnam, le sultanat de Bruneï, la Malaisie, les Philippines et Singapour) et pour les Etats-Unis, les prétentions chinoises sont illégales.

Ces bisbilles territoriales expliquent donc en partie les démonstrations de force navales américaines dans la région, lesquelles sont perçues par Pékin comme étant des tentatives de réduire son espace vital.

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