Le Pentagone touché par la rigueur

Avec un peu plus de 720 milliards de dollars de crédits alloués, les forces armées américaines devraient avoir un budget en légère augmentation pour l’année 2011. Depuis le début de la décennie, les moyens financiers accordés au Pentagone ont pratiquement doublé et rêprésentent près de 40% des dépenses militaires mondiales. La raison tient principalement aux deux conflits majeurs dans lesquels les Etats-Unis sont engagés, à savoir l’Afghanistan et l’Irak.

Seulement, et comme les arbres ne montent pas jusqu’au ciel selon un vieil adage boursier, il viendra un moment où les ressources du Pentagone viendront à diminuer ou, dans le meilleur des cas, progresseront moins vite. Aussi, pour se préparer à cette éventualité, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, veut davantage de rigueur dans la gestion du Pentagone.

« La culture de l’argent coulant à flot qui s’est installée doit être remplacée par une culture d’épargne et de retenue » a-t-il prévenu, le 9 août. Pour autant, le patron du Pentagone ne souhaite pas que ses crédits puissent servir de variable d’ajustement et que l’effort de défense des Etats-Unis soit réduit de manière drastique.

« Ma plus grande peur est que, dans un contexte économique difficile, on utilise le budget du secrétariat à la Défense pour régler les problèmes de déficit » a-t-il déclaré. « Lorsque je regarde le monde, je vois un monde de plus en plus instable, où toujours plus d’Etats disparaissent ou sont en train de disparaître, des pays qui investissent massivement dans l’armement (…) je crois que cela serait désastreux » a-t-il estimé.

Il est donc question de réduire les dépenses de 100 milliards de dollars en cinq ans, en mettant notamment l’accent sur les coûts de fonctionnement, qui devraient baisser de 3% chaque année afin de dégager des marges de manoeuvres pour les opérations en cours.

Ainsi, Robert Gates a annoncé un train de mesures afin d’atteindre cet objectif. Pour commencer, le budget alloué aux sous-traitants va diminuer de 10%. Il s’agit, selon le secrétaire à la Défense, de « réduire la dépendance excessive » de l’armée américaine à ces services externes, qui représentent 39% des salariés travaillant pour le compte du Pentagone.

Il est également question de supprimer 50 postes d’officiers généraux au cours des deux prochaines années et de rationnaliser les différents services de renseignement rattachés au Pentagone en éliminant les doublons éventuels.

Enfin, une des mesures phares du plan de rigueur de Robert Gates est la suppression du Joint Forces Command (Commandement des forces conjointes), créé en 1999 sur la base de l’US Atlantic Command (USACOM).

Ce commandement, surnommé le « laboratoire à idées » du Pentagone, a pour mission de développer les synergies entre les différentes armées (Marines, Navy, Air Force, Army), de former leurs personnels et d’organiser leur déploiement.

Doté d’un budget de 240 millions de dollars, le JFCOM est basé en Virginie et emploie 5.800 personnes. Commandé jusqu’à présent par le général James Mathis, appelé à diriger l’US Centcom, le commandement pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, il reviendra au général Ray Odierno, actuellement chef des forces américaines en Irak, d’en assumer la dissolution… si elle a effectivement lieu.

En effet, deux sénateurs démocrates, élus de Virginie, ont d’ores et déjà fait connaître leur opposition à la suppression du JFCOM. Et comme les Etats-Unis vont entrer en période électorale, avec le scrutin dit de « mid term » ou de mi-mandat, il n’est d’ailleurs pas acquis que toutes les mesures proposées par Robert Gates soient acceptées.

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