Mutation de la piraterie somalienne?

Jusqu’à présent, le phénomène de la piraterie somalienne et le terrorisme islamiste n’étaient pas liés. Mieux même : les relations entre les pirates et les combattants islamistes n’ont jamais été au beau fixe.

« Il n’y aura plus de piraterie ou d’activité criminelle de quelque sorte » affirmait un commandant du Hezb al-Islam, un groupe rebelle jihadiste, au moment de la prise, en mai dernier, du port d’Harardere, connu pour abriter les pirates somaliens.

Officiellement, le milice Shebab, affiliée à al-Qaïda et rivale du Hezb al-Islam, affiche la même conduite à l’égard de la piraterie. Mais, selon le député UMP du Finistère, Christian Ménard, les choses sont plus compliquées.

« Récemment encore, l’ensemble des spécialistes de la question s’entendait pour dire qu’il n’existait aucun lien entre pirates et terroristes. Ce n’est plus le cas », a ainsi affirmé le député au quotidien « Le Télégramme ».

Ainsi, d’après le député, qui doit rendre un rapport sur la piraterie maritime pour le compte de la Commission Défense de l’Assemblée nationale à l’automne prochain, les services de renseignement, dont la DGSE, estiment qu’il « existe aujourd’hui des clans et des sous-clans » liés aux combattants intégristes somaliens qui, « très vraisemblablement s’entendent avec les pirates ».

Pour autant, Christian Ménard a précisé qu’aucune preuve ne vient, pour l’instant, étayer cette hypothèse. Seulement, cette dernière se fonde sur les circuits empruntés par les rançons versées pour les libération des navires capturés. « Au Puntland, au nord-est de la Somalie, une partie de l’argent provenant de la piraterie est recyclée sur place, l’autre au Kenya. Et on sait que des éléments d’al-Qaïda ou des bandes affiliées à al-Qaïda s’y trouvent » a ainsi expliqué l’élu du Finistère.

Le rapport que doit rédiger Christian Ménard et qui évoque également les activités de groupes de pirates dans le golfe de Guinée, devra permettre de préparer un nouveau texte de loi visant à ré-introduire en droit pénal la notion de piraterie, laquelle avait été supprimée en 2007, et de préciser la procédure judiciaire à appliquer dans le cadre de la convention internationale de Montego Bay dans le cas d’interpellation de criminels dans les eaux internationales.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]