Le contingent néerlandais quitte l’Afghanistan

Pour les militaires néerlandais, la mission en Afghanistan fera partie du passé à partir du 1er août prochain. En effet, les Pays-Bas ont décidé de retirer leurs troupes de la province d’Uruzgan, où elles avaient été déployées depuis quatre ans dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan.

La question de la poursuite de l’engagement militaire néerlandais en Afghanistan jusqu’en 2011, conformément au souhait exprimé par l’Alliance atlantique, a provoqué, en février, des élections anticipées aux Pays-Bas. En fait, elle a surtout servi de prétexte car comme l’a noté Olivier Kempf (Egeablog), le sujet afghan n’a pas occupé une place déterminante dans le débat électoral.

Cela étant, l’armée néerlandaise va donc quitter l’Uruzgan avec le sentiment du devoir accompli et un arrière-goût d’inachevé. « Nous avons obtenu des résultats évidents dont les Pays-Bas peuvent petre fiers » a estimé son commandant en chef, le général Peter van Uhm, lors d’une conférence de presse à La Haye, le 29 juillet.

Si l’Otan a souhaité que les Pays-Bas maintiennent leur contingent de 1.950 hommes en Uruzgan, il y a une raison. Et cette dernière tient à la méthode mise en oeuvre par les militaires néerlandais dans leur zone d’affectation. Elle se résume en trois points : défense, diplomatie et développement (d’où l’approche dite « 3D »).

Au cours de sa mission afghane, l’armée néerlandaise a ainsi permis de doubler le nombre d’écoles, pour les porter à 179, et de favoriser l’implantaion d’organisations non gouvernementales qui agissent au profit de la population civile. Au niveau des infrastructures, les Pays-Bas ont amorcé la construction d’une route reliant Tarin Kowt et Chora, les deux villes les plus importantes d’Uruzgan. Enfin, 3.000 soldats afgans ont été formés.

Pour le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, le travail accompli par les forces néerlandaises est une « référence ». Mais ce bilan a un coût : cette mission a coûté 1.4 milliard d’euros aux Pays-Bas. Et encore n’est-ce pas là le plus important au regard du prix du sang : 24 soldats néerlandais ont été tués au cours de ce déploiement.

Un des faits marquants de la présence néerlandaise en Afghanistan est la bataille de Chora, qui a eu lieu en juin 2007. Ces combats, qui ont impliqué des combattants taliban et des volontaires islamistes d’origine bosniaque et permis d’assurer le contrôle de la zone par l’ISAF, ont été meurtriers. Les forces de la coalition ont en effet perdu 4 hommes (2 néerlandais, 1 américain et 1 australien), la police afghane a eu 16 tués dans ses rangs. Quant aux insurgés, 71 d’entre eux, sur une force initiale estimée de 800 combattants, ont perdu la vie. Mais ce sont les civils qui ont payé le plus lourd tribut, avec une soixantaine de victimes, tuées pour la plupart lors d’attaques suicides.

Pour autant, et même si cette mission n’a pas toujours été facile, les soldats néerlandais ne rentrent pas au pays totalement satisfaits. Du moins, c’est qu’il ressort des témoignages recueuillis par l’Agence France Presse.

« J’ai parlé avec certains militaires qui sont là-bas (ndlr, en Afghanistan), et ils ne sont pas contents de devoir partir. Ils veulent achever ce qu’ils ont commencé » a ainsi affirmé Jan Kleain, le président de l’Association de défense des militaires (ACOM). « Cette mission ne peut être achevée en quelques années seulement. Il fait 20 ou 30 ans pour rétablir la sécurité dans un pays aussi dévasté par la guerre » a estimé Wim van den Berg, le président de la Fédération néerlandaise des personnels militaires.

Quoi qu’il en soit, le 1er août, les militaires néerlandais laisseront la place à des soldats américains, australiens, slovaques et singapouriens.

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