Afghanistan : Le général Petraeus donne ses directives

Le prochain patron du commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale (US CENTCOM), le général James Mattis, alias « Mad Dog », a évoqué, lors d’une audition devant le Sénat, l’éventuel début de retrait militaire d’Afghanistan à partir de juillet 2011, conformément au voeu exprimé par le président Obama.

Selon lui, une telle décision pourra être prise quand seront réunies « les conditions permettant une passation de pouvoirs responsables ». Par conséquent, « c’est une date à laquelle un processus débute, ce n’est pas le passage d’une patate chaude » a-t-il ajouté.

Seulement, encore faudrait-il que les autorités afghanes puissent être en mesure d’affirmer leur autorité et d’être soutenue par la population civile. Ce qui est encore loin d’être le cas, étant donné que, comme l’a souligné le général Mattis, les forces de l’Otan sont « desservies en terme de crédibilité » par de « mauvaises personnes aux commandes ».

Le nouveau commandant des forces de l’Otan en Afghanistan, le général David Petraeus, a, semble-t-il, décidé de s’attaquer à ce problème. L’officier vient de diffuser un document de trois pages afin d’exposer ses nouvelles directives en matière de contre-insurrection (COIN). « Affrontez la culture de l’impunité : les taliban ne sont pas les seuls ennemis de la population. Elle est également menacée par une mauvaise gouvernance, la corruption et les abus de pouvoirs, qui sont les meilleurs recruteurs des taliban » a-t-il écrit.

Et de prendre le président afghan, Hamid Karzaï, dont la réputation de son entourage et pour le moins sulfureuse. « Identifiez et affronter les responsables corrompus. Le président (ndlr, Karzaï) a dit : ‘mon gouvernement est déterminé à combattre la corruption par tous les moyens possibles’. Aidez le gouvernement à atteindre ce but » a ajouté le général Petraeus.

Pour le reste, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) livre d’autres principes qui rappellent ceux énoncés par son prédécesseur, le général Stanley McChrystal. « Le peuple afghan est au coeur de notre mission. En réalité, il est notre mission. Nous devons le protéger de la violence, de quelque nature que ce soit » avait écrit ce dernier, en juin 2009, au moment de sa prise de fonction.

Et le général Petraeus ne dit pas autre chose. Il faut « assurer la sécurité de la population et être à son service. Ce n’est qu’en assurant sa sécurité et en gagnant sa confiance (…) que le gouvernement afghan et l’ISAF peuvent réussir » écrit-il. « Vivez avec les gens : placez les bases et les postes de combat aussi près que possible de ceux que nous cherchons à protéger. C’est faisable » recommande-t-il également.

Enfin, le général Petraeus appelle à « combattre durement et de manière disciplinée » afin d’éviter les dommages collatéraux. « Si nous tuons des civils ou endommageons leurs propriétés dans le cadre de nos opérations, nous allons nous créer plus d’ennemis que nos opérations n’en élimineront » estime-t-il.

Le fait est, quand les forces de l’Otan commettent une erreur d’appréciation (ou une « bavure »), cela sert la propagande des taliban, donne du grain à moudre à une certaine presse, par ailleurs beaucoup moins prompte à dénoncer les crimes et les exactions des insurgés et a un impact sur le nombre d’attaques contre les troupes de la coalition.

En effet, une récente étude réalisée par le National Bureau of Economic Research, un centre de réflexion américain, a démontré que les règles d’engagement beaucoup plus strictes énoncées par le général McChrystal pour éviter les pertes civils ont eu pour conséquence une diminution des attaques commises par les taliban contre l’ISAF.

« Les victimes civiles ont un impact sur la violence future à travers un enrôlement plus élevé au sein des groupes d’insurgés » note ainsi le document, établi à partir de données concernant les engagements militaires et les attentats recueillies pendant 15 mois. « En Afghanistan, lorsque les troupes de l’ISAF tuent des civils, cela augmente le nombre de candidats au combat, ce qui entraîne une hausse des attaques des insurgés » peut-on aussi lire.

Vidéo : Pour illustrer la difficulté des forces de la coalition, ces images sont celles d’une mission d’un F15 américain. Le pilote reçoit une demande d’appui aérien de la part de troupes françaises accrochées sur le terrain. Le contrôleur au sol demande le largage d’une bombe GBU pour réduire la menace d’un groupe insurgé armé d’un RPG. Seulement, il y a un risque élevé de dommages collatéraux, les insurgés étant à proximité d’une école. Via le blog du magazine DSI

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