Les militaires belges mis au régime

En octobre 2009, le ministre belge de la Défense, Pieter De Crem, a annoncé un vaste plan de réforme des forces armées d’outre-Quiévrain. De 100.000 hommes répartis dans quatre composantes (armée de Terre, aviation, marine, service médical) il y a vingt ans, les effectifs militaires de la belgique s’élèvent actuellement à près de 40.000 soldats professionnels et seront ramenés à 34.000 au terme des restructurations engagées.

Ce nouveau format de l’armée belge doit cependant permettre à Bruxelles de respecter ses engagements à l’égard de l’Otan et de l’Union européenne tout en dégageant des marges de manoeuvres financières pour son ministère de la Défense.

Au total, 23 implantations militaires vont être fermées, les forces terrestres ne compteront plus que deux brigades (médiane et légère) et se passeront des chars Leopard, remplacés par des blindés à roue de type AIV (Armored Infantry Vehicule, des Piranha IIIC 8×8, dont 22 exemplaires équipés d’un canon de 90 mm seront revendus à peine reçus car jugés inadaptés) et MPPV (MultiPurpose Protected Vehicles, des Dingo II).

L’aviation n’aura plus que 54 F16 en ligne, au lieu de 60 actuellement. Au moins 30 appareils resteront disponibles pour les besoins de l’Otan et de l’Union européenne, pour respectivement 6 et 10 mois. Le nombre d’hélicoptères Agusta va passer à 20, contre 28. La marine belge devra mettre sous cocon l’un de ses 7 chasseurs de mines tripartites tandis que le service médical va fermer trois dépôts. Seules les forces spéciales verront leurs moyens augmenter, avec une hausse de 50% de leurs effectifs, qui seront ainsi portés à 159 militaires.

Parallèlement à cette réduction des effectifs, l’armée belge va paradoxalement recruter afin de rééquilibrer la pyramide des âges de ses personnels. Pour atteindre ses objectifs (1.300 recrues prévues en 2010 et 2.000 pour les années suivantes), un « engagement volontaire militaire » (EVMI) a été mis en place, 15 après la suspension de la conscription. Cela consiste à proposer d’effectuer une période sous les drapeaux de 24 à 36 mois au titre d’officier, de sous-officier ou de soldat. A l’issue, ces volontaires auront le choix de rester dans l’armée ou bien retourner à la vie civile.

Cette formule d’engagement, qui a été lancée ces derniers jours, semble rencontrer un réel succès auprès des jeunes belges. Lesquels devront certainement faire attention à leur poids pour revêtir l’uniforme.

Car, en effet, l’armée belge « dégraisse » au sens propre comme au figuré. Selon une des ses porte-paroles, Ingrid Baeck, cité par le journal Nieuwsblad, 60% des soldats d’outre Quiévrain sont en surpoids et 15% sont obèses. Et cela pose problème.

« Nous voulons nous défaire de l’image du ‘militaire gros' » a-t-elle affirmé. Mais au-delà de l’apparence, il s’agit aussi de faire en sorte que les soldats soient en mesure de remplir leur mission sur le terrain : l’on est en effet plus agile quand on est svelte que lorsque l’on a à porter une surchage pondérale. « Tout comme un pompier, un soldat doit être en forme » a expliqué Ingrid Baeck.

« Il faut distinguer deux types de militaires » a indiqué, à SudPresse, un soldat basé à Nivelles. « Il y a ceux qui officient dans des unités opérationnelles, des sections de terrain. Ceux-là suivent des entraînements physiques hebdomadaires (…) afin d’être prêt s’ils doivent partir sur le terrain. Parmi ceux-ci, il n’y a pas, ou en tout cas peu de problème de surpoids » a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « il ne faut pas oublier qu’une bonne partie des militaires belges (…) travaille à des tâches administratives. Ils sont dans des bureaux et ont des horaires identiques à ceux des civils. Pour ces unités là, il n’y aucun entraînement physique obligatoire ».

Ce problème d’obésité et de surpoids ne concerne pas seulement les militaires belges. L’an passé, une note interne à l’armée britannique indiquait que des milliers de soldats du Royaume-Uni étaient « unable to deploy », c’est à dire inaptes à partir en opération extérieure en raison d’une trop grande masse corporelle.

Deux raisons avaient été avancées pour expliquer ce phénomène : la tendance, chez certains, de s’affranchir des 2 à 3 heures de sports hebdomadaires préconisées pour le maintien de la condition physique et la qualité du recrutement, avec des critères de sélection moins élevés pour ce qui concerne l’indice de masse corporelle (IMC).

Aux Etats-Unis, près de 27% des jeunes américains, âgés de 17 à 24 ans, sont considérés obèses. Ce qui est vu comme une menace pour la sécurité nationale par l’association « Mission : Readiness, Military for Kids », regroupant une centaine d’officiers généraux retraités.

« Quand un quart de jeunes adultes sont trop gros pour combattre, nous devons en tenir compte » avait estimé, en avril dernier, le contre-amiral en retraite James Barnett. « La sécurité nationale à l’horizon 2030 dépend absolument d’une inversion des tendances actuelles  » avait-il expliqué.

L’obésité progresse aussi dans les rangs de l’armée américaine. En 1998, ils étaient 25.652 militaires à en souffrir, soit 1,6% du personnel. Dix ans plus tard, cette proportion est passée à 4,4% (68.786). Du coup, le Pentagone est en train de mettre au point un programme mêlant exercices physiques et yoga pour freiner et inverser cette évolution. Peut-être que l’état-major belge pourra s’en inspirer…

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