Quelques documents révélés par WikiLeaks concernent l’armée française

Parmi la somme importante de documents confidentiels au sujet des opérations militaires en Afghanistan mis en ligne par le site WikiLeaks, un certain nombre d’entre eux concernent le contingent français.

Ainsi, l’embuscade de la vallée d’Uzbin du 18 août 2008, au cours de laquelle 10 militaires français ont été tués, est évoquée au moins à deux reprises. Le premier rapport (voir photo) au sujet de cette affaire est partiel. Il sera complété par la suite par un second compte-rendu. Ces documents n’ajoutent rien au récit des combats qui avaient alors été faits par le général Puga, alors directeur du renseignement militaire à l’époque.

Cependant, le dernier rapport concernant l’embuscade d’Uzbin fait état de 3 insurgés tués et de 4 autres blessés. Vraisemblablement, il ne se base que sur les constatations faites sur le terrain. « L’adversaire a été détruit. Ils ont pris une sacrée raclée » avait pourtant déclaré le général Puga, en septembre 2008, avançant le nombre de 40 tués dans les rangs hostiles. « La tradition chez eux est de retirer les corps » avait alors expliqué le DRM de l’époque.

Par ailleurs, la veille de l’embuscade d’Uzbeen, WikiLeaks nous apprend qu’une patrouille de la Task Force Chimère, alors armée par le 8e Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (RPIMa) a été durement accrochée par des insurgés, ce qui a contraint à l’envoi de renforts et à un appui aérien. Le rapport sur cet incident indique que deux hélicoptères américains Kiowa ont été visés par des tirs d’armes légères et de RPG. Le bilan de ces combats sera d’un blessé côté français et de 5 taliban tués.

Les conditions dans lesquelles le caporal Anthony Bodin, du 3e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) de Vannes, le 1er août 2009, font l’objet d’une description détaillée. Et l’on mesure la violence de l’accrochage qui a eu lieu ce jour-là…

Quant aux incidents impliquant des victimes civils, dont, selon le quotidien britannique The Guardian, 300 ont été recensés de janvier 2004 à décembre 2009, quelques uns concernent les troupes françaises.

Celui qui aurait pu être le plus grave s’est passé le 2 octobre 2008. Ce jour là, des soldats français ont été contraints d’ouvrir le feu pour faire arrêter un bus qui s’approchait d’un peu trop près d’un convoi militaire à Tangi Kalai, dans la région de Kaboul. Seulement, des enfants s’y trouvaient à bord. Bilan : 8 ont été blessés. Ils ont tous été pris en charge médicalement par la coalition.

Le 28 mars 2006, des militaires français, dont on ignore l’unité d’appartenance, auraient ouvert le feu sur un véhicule qui ne se serait pas arrêté à un checkpoint situé dans la région de Kandahar. Un civil, blessé, a été par la suite évacué vers un hôpital.

Les autres incidents sont collatéraux à des engagements contre les insurgés. Ainsi, le 20 janvier 2009, un adolescent a été blessé par un éclat lors de tirs croisés entre des militaires français et des insurgés. Trois autres cas de même nature figurent dans la liste des documents de WikiLeaks. Ainsi, le 6 octobre 2007, à Gardez, un civil de 17 ans a été blessé à la tête lors d’un accrochage impliquant une équipe d’instructeurs français (OMLT) et des soldats afghans.

Le 9 novembre 2008, un civil de 16 ans allant à son école est touché par un éclat (de roquettes? le rapport ne le mentionne pas explicitement) alors que des éléments français de la TF Chimère étaient au contact d’insurgés. D’autres forces étaient également impliquées dans cet accrochage (TF Warrior de l’armée américaine). Enfin, le 20 juin 2009, un aveugle de 60 ans a été mortellement blessé par une patrouille française lors d’un banal accident de la route.

Outre ces incidents, les militaires français permet de découvrir des caches d’armes, comme le rapport 2C2223E9-FB57-B4E0-DC743EC68237BE9C du 23 octobre 2008 le mentionne. Ce jour-là, la TF Chimère avait mis la main sur 4 mortiers, 2 roquettes de conception iranienne, 4 autres de fabrication chinoise ainsi que du matériel pour fabriquer des bombes artisanales.

Enfin, les militaires français doivent faire face aux impondérables, comme le 7 mai 2009, avec la perte d’un drone SDTI (système de drone tactique intérimaire). Le rapport qui en fait mention indique que les débris de l’engin ont finalement été localisés par deux hélicoptères Gazelle dans une zone inhabitées puis récupérés par la suite.

Ce genre de mésaventure est également arrivé aux militaires américains. Plusieurs documents font état de la perte de drones Predator B, les mêmes que la France envisage d’acquérir. Cela a été notamment le cas le 4 septembre 2009, où un engin s’est écrasé avec un missile Hellfire non tiré. L’appareil a été par la suite retrouvé par une équipe des forces spéciales américaines afin que les équipements sensibles ne tombent pas entre de mauvaises mains. Quelques jours plus tard, un autre Reaper a échappé à tout contrôle et a été endommagé par un F15 pour éviter qu’il n’aille survoler le Tadjikistan.

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