Al-Qaïda au Maghreb islamique annonce l’exécution de Michel Germaneau

Détenu depuis le mois d’avril par un groupe affilié à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui est en fait l’ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, le ressortissant français Michel Germaneau, un travailleur humanitaire âgé de 78 ans enlevé au Mali, aurait été exécuté par ses ravisseurs, si l’on en croit un enregistrement diffusé par la chaîne al-Jazeera.

Le texte de ce communiqué a été vraisemblablement lu par Abou Moussab AbdelWadoud, alias Abdelmalek Droukdel, le chef algérien d’AQMI. « Nous annonçons avoir exécuté l’otage français dénommé Michel Germaneau samedi 24 juillet pour venger nos six frères tués dans la lâche opération de la France », a-t-il ainsi déclaré. « Sarkozy a échoué à libérer son compatriote par cette opération mais il a, sans aucun doute, ouvert pour lui, pour son peuple et pour son pays l’une des portes de l’enfer » a-t-il ajouté.

Le chef d’AQMI fait référence à l’opération planifiée par l’armée mauritanienne et soutenue par la France qui a visé, au Mali, un camp du groupe d’Abou Zeïd, un responsable de l’organisation terroriste, connu pour sa brutalité et l’exécution, l’an passé, d’un otage britannique.

A l’origine, cette opération avait pour objectif de frapper le groupe d’Abou Zeïd, fortement suspecté de préparer des attaques en Mauritanie. Et, étant donné que Michel Germaneau avait été enlevé par ce dernier, Paris a décidé d’y apporter son soutien, si ce n’est sa participation directe avec une vingtaine de militaires.

L’attaque d’un camp, dont l’existence avait été jusque là tenue secrète, a donc eu lieu le 22 juillet. Le communiqué d’AQMI le confirme : six terroristes y ont été abattus par les forces mauritaniennes et françaises. En revanche, Michel Germaneau ne se trouvait pas dans la base attaquée. Par ailleurs, des armes, des munitions et des documents ont été saisis.

Par la suite, les militaires français se sont désengagés de l’opération, tandis que leurs homologues mauritaniens ont continué à « traquer » les combattants d’AQMI en territoire malien. Tout s’est terminé le samedi 24 juillet, sans qu’aucune trace de Michel Germaneau ne soit repérée.

La décision française de se joindre à la première phase de l’opération mauritanienne a été dictée par l’urgence. En effet, le groupe d’Abou Zeïd avait lancé, le 12 juillet, un ultimatum de deux semaines au terme duquel il exécuterait l’otage en leur possession, assorti de revendications peu lisibles.

De plus, les autorités françaises ont fait état de la difficulté d’entrer en contact avec les ravisseurs de Michel Germaneau, lequel, souffrant d’une maladie cardiaque et étant privé de médicaments, n’a donné aucun signe de vie depuis le mois de mai. D’où l’hypothèse, faite à Paris, que l’otage serait en fait déjà mort depuis plusieurs semaines.

Du coup, la possibilité d’une manipulation d’AQMI n’était d’autant pas à écarter qu’une liste fantaisiste (*) comprenant les noms de 9 militaires français tués lors de l’opération du 22 juillet, a été publiée sur des sites jihadistes, par un certain Karim al-Maghribi (le Marocain), un habitué du forum al-Falloudja. Ce genre de pratique est monnaie courant chez les insurgés afghans, qui font régulièrement mention sur Internet d’attaques réussies contre l’armée française qui n’ont jamais eu lieu ou dont l’issue n’est pas celle qu’ils prétendent. Aussi, et étant donné que la branche maghrébine d’al-Qaïda a subi un revers dans l’opération mauritanienne – la préparation de ses actions en Mauritanie a été empêchée – il n’était donc pas exclu que la mort de Michel Germaneau ait été instrumentalisée pour transformer un échec en succès.

Cela étant, un élu malien de la région de Kidal (nord-est) a confirmé, sous couvert de l’anonymat, l’exécution du travailleur humanitaire. « Oui, c’est vrai, après l’échec du raid franco-mauritanien de jeudi, AQMI a exécuté l’otage français » a-t-il déclaré à l’Agence France Presse.

Toujours selon cet élu, « le Français a été décapité sous les yeux » d’Abou Zeïd. « Il était bien vivant lors du raid, mais caché dans une zone montagneuse dans la région de Kidal, vers la frontière avec l’Algérie. L’endroit est une forteresse imprenable, où les islamistes ont posé des mines et construit des abris pour se protéger de toute attaque aérienne » a-t-il précisé.

Un autre notable malien, habitué des négociations visant à libérer des personnes détenues par les jihadistes, a dit la même chose. « C’est sûr, pour se venger de la mort de plusieurs de leurs éléments, ils ont tué l’otage français. Nous venons de l’apprendre par les canaux traditionnels » a-t-il affirmé.

A l’issue d’un conseil restreint de défense et de sécurité, le président Sarkozy a également confirmé l’exécution de Michel Germaneau. « Je condamne cet acte barbare, cet acte odieux qui vient de faire une victime innnocente qui consacrait son temps à aider les populations locales » a-t-il déclaré. « Cette mort illustre que nous avons affaire à des gens qui n’ont aucun respect pour la vie humaine. Ils ont assassiné de sang-froid une personne de 78 ans, malade, à qui ils avaient refusé de faire parvenir les médications dont elle avait besoin » a-t-il poursuivi. « Aujourd’hui, comme annoncé à l’ultimatum du 12 juillet, il est mort » a encore ajouté le chef de l’Etat. « Le crime contre Michel Germaneau ne restera pas impuni » a-t-il annoncé.

(*) Zone Militaire a reçu une copie de cette liste

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