Des pouvoirs élargis pour le FSB

Depuis maintenant plusieurs années, la Russie est confrontée à des mouvements rebelles et séparatistes au Caucase, sur fond de guérilla menée par des groupes islamistes. C’est évidemment le cas en Tchétchénie, déjà théâtre de deux guerres, mais aussi dans les républiques voisines du Daguestan et l’Ingouchie, où les attaques contre les fonctionnaires et les forces de l’ordre sont quasi-quotidiennes. Sans oublier que, ponctuellement, Moscou est la cible d’attentats, comme cela a été le cas en mars dernier dans le métro (40 tués).

Le 21 juillet, une attaque a visé la centrale hydroélectrique de Baksan, située en Kabardino-Balkarie, un république à majorité musulmane à l’ouest de la Tchétchénie. L’attaque a fait deux victimes parmi les gardiens du complexe. Les assaillants ont fait exploser des bombes dans la salle des turbines, ce qui a entraîné un incendie qui a finalement été maîtrisé.

Pour Alexandre Torchine, un sénateur et membre du comité antiterroriste, cet attentat serait annonciateur de « quelque chose de plus grave ». Si l’action militaire est nécessaire pour combattre les mouvements séditieux dans des actions de contre-insurrection, il n’en demeure pas moins que les forces de police sont les plus adéquates pour lutter contre le terrorisme, qui n’est qu’un moyen utilisé par des rebelles.

Ainsi, en Russie, cette charge revient principalement au Service fédéral de sécurité (FSB), issu de l’ancien KGB. Et cet organisme a vu ses pouvoirs élargis après le vote, le 19 juillet, d’une loi par le Sénat russe.

Ainsi, ce nouveau texte autorise le FSB à adresser des « avertissements » aux personnes soupçonnées de « créer les conditions de la perpétration d’un crime », ce qui reste néanmoins une définition floue. Par ailleurs, toute personne ou entreprise qui entraverait le travail du FSB pourrait se voire infliger des amendes allant de 500 à 50.000 roubles (13 à 1.300 euros) ou être placée en détention pendant 15 jours.

Tout cela cela inquiète les organisations de défense des droits de l’homme. « C’est une loi draconienne qui n’a pas de précédent dans le monde et qui rappelle notre passé répressif » a fait valoir Boris Nemtsov, opposant au pouvoir en place et ancien vice-Premier ministre. Ce dernier y voit un texte « dirigé contre l’opposition ».

« Cette loi est un coup porté à la société civile pour la rendre plus servile » a renchéri Lev Ponomarev, responsable de l’ONG « Pour les droits de l’homme ». Un appel a été lancé au président Dmitri Medvedev pour qu’il ne promulgue pas ce nouveau texte. Seulement, ce voeu n’a aucune chance d’être exaucé étant donné que c’est lui-même qui a donné un « ordre direct » pour l’élaboration de ces nouvelles dispositions.

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