Le maquis du monde du renseignement américain

En apparence, les choses sont simples. Le travail des agences de renseignement américaines est coordonné par un directeur, appelé Director of National Intelligence. Et cela été mise en place en 2004, à l’occasion d’une réforme des services dédiés à ce genre d’activité, consécutive à deux ratés pour le moins retentissants, à savoir l’affaire concernant les programmes d’armes de destruction massive en Irak et l’incapacité à prévenir les attentats du 11 septembre 2001.

Justement, depuis les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone, agences liées à la sécurité nationale ont été multipliées. Au point que le Washington Post a mobilisé une vingtaine de journalistes pendant deux ans pour enquêter sur ce phénomène. Le quotidien a ainsi publié une série de reportages sur le sujet, intitulée « L’Amérique top secrète ».

Et le constat fait par le journal américain est sans appel. « Le monde top secret que le gouvernement a enfanté (…) est devenu si vaste,difficile à manoeuvrer et secret que personne ne sait combien il coûte, combien il emploie de personnes, combien de programmes existent, ni combien de service différents effectuent la même tâche ».

Et quand bien même aucun attentat de grande ampleur n’a été commis sur le sol américain depuis 2001, hormis la tuerie de Fort-Hood et deux chaudes alertes récentes avec la tentative sur le vol Amsterdam – Détroit à Noël dernier et celle de Times Square le 1er mai, le Washington Post estime qu’après « neuf ans de dépenses sans précédent (…) le système installé pour mettre les Etats-Unis à l’abri est devenu si dense qu’il est impossible de connaître son efficacité ».

Si l’on en croit l’enquête du Washington Post, les Etats-Unis ne seraient pas aussi pragmatiques qu’on pourrait le croire. Le quotidien a en effet recensé 1.271 agences gouvernementales et 1.931 sociétés privées exerçant des activités dans les domaines du contre-terrorisme et du renseignement.

Par ailleurs, 854.000 personnes auraient l’accreditation « sécurité » ou « top-secret ». Enfin, tout ce monde se répartir sur environ 10.000 sites à travers le territoire américain et pour la seule région de Washington, 33 bâtiments – soit l’équivalent de 3 Pentagones – ont été construits depuis le 11 septembre pour accueillir des services de renseignement.

Aussi, il est quasiment inévitable qu’il y ait des redondances. Comme l’indique le Washington Post, 51 organisations fédérales installées dans 15 villes différentes surveillent les mouvements de fonds des réseaux terroristes. Et comme en matière de renseignement, ce qui prime est la qualité de l’information et non la quantité, toujours difficile à traiter et à hiérarchiser, beaucoup de rapport, parmi les 50.000 produits annuellement, sont purement et simplement ignorés.

Lire : Top Secret America – Washington Post

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