Des coopérations militaires ambitieuses entre la France et la Grande-Bretagne à l’étude

En février, le précédent ministre britannique de la Défense, Bob Ainsworth, avait préconisé dans un document d’une cinquantaine de pages un reforcement de la coopération de la Grande-Bretagne dans le domaine militaire avec d’autres pays européens et en particulier la France, afin de conserver un rôle majeur sur la scène mondiale. A l’époque, cette recommandation était justifiée par la réduction de la marge de manoeuvre budgétaire des armées du royaume en raison de leurs coûteux engagements en Irak et en Afghanistan.

Depuis, la situation a évolué, mais dans le mauvais sens. En effet, dans le cadre d’une politique de réduction des déficits publics, les armées britanniques pourraient voir leurs crédits diminuer de 15 à 20%. Et cela rend plus pertinent encore le choix d’établir des coopérations avec d’autres pays du continent afin de pouvoir garder certaines capacités opérationnelles.

En France, le ministère de la Défense devra trouver 3,5 milliards d’euros d’économies sur les trois ans qui viennent. Cette somme devrait en principe être compensée par des recettes exceptionnelles, avec la vente de biens immobiliers et de fréquences de télécommunications à hauteur de 2,3 milliards d’euros. Normalement, le budget des armées ne baissera pas. Par exemple, en 2011, il est prévu qu’il soit augmenté de 350 millions d’euros, contre les 500 millions prévus par la Loi de programmation militaire (LPM).

Cela étant, cet effort budgétaire va se traduire par le report de certains programmes d’armement n’ayant pas fait l’objet d’un contrat. Ainsi, le projet Scorpion, pour l’armée de Terre, la modernisation des Mirage 2000D, le Système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA 4) ou encore l’achat d’avions ravitailleurs A330 MRTT en feront les frais pour le moment.

Justement, au sujet des capacités de ravitaillement en vol, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a indiqué, lors d’une audition devant la commission « défense » de l’Assemblée nationale le 7 juillet dernier, qu’il est question de « tenter d’élaborer un projet commun avec les Britanniques ».

Le ravitaillement en vol a une importance capitale pour la projection des forces mais aussi – et surtout – pour la dissuasion nucléaire aéroportée. Un coopération avec les Britanniques dans ce domaine particulier est donc loin d’être anodine. Actuellement, l’armée de l’Air met en oeuvre des avions ravitailleurs – des C135 FR – acquis dans les années 1960. Leur non remplacement dans un futur proche signifie donc qu’il faudrait les maintenir en état de vol pendant encore quelques temps, avec des coûts d’entretien de plus en plus élevés à mesure que les appareils prennent de l’âge.

Mais le ravitaillement en vol n’est pas le seul domaine où des coopérations franco-britanniques sont envisagées. En effet, selon Hervé Morin, il s’agit « de lancer une opération très ambitieuse » en la matière.

« Le nouveau gouvernement britannique souhaite que nous analysions de façon très poussée quels sont les compétences et les moyens que chacun des deux pays doit conserver en totale souveraineté, ceux qui peuvent être mutualisés, et ceux pour lesquels il pourra y avoir interdépendance » a confié le ministre aus députés.

« Côté français, le travail devrait être terminé fin juillet. Les Britanniques effectuent actuellement la revue des programmes que la France a réalisée en 2007. Nous confronterons nos copies en novembre. Je précise que les Britanniques sont prêts à envisager des coopérations même sur des sujets très confidentiels » a encore ajouté Hervé Morin. Comme par exemple assurer à tour de rôle une permanence à la mer d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), comme cela a été évoqué en mars dernier?

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