Le secrétaire général de l’Otan ne veut pas d’un retrait programmé d’Afghanistan

Quand les forces de la coalition internationale placée sous le commandement de l’Otan vont-elles commencer leur retrait d’Afghanistan? Certains pays, tels que le Canada, la Pologne et les Pays-Bas ont déjà la réponse : leurs troupes rentreront chez elles à partir de 2011.

Le président Barack Obama a quant à lui fixé le mois de juillet 2011 pour amorcer le retrait des troupes américaines. Et c’est sans doute une des raisons qui a provoqué le départ du général McChrystal, le désormais ancien commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), remplacé depuis par le général David Petraeus.

Dans un entretien publié par le quotidien Le Monde le 14 juillet, le conseiller à la sécurité nationale du président Obama, James Jones, a indiqué « qu’il faudra avoir le courage d’ajuster notre stratégie si nécessaire » en Afghanistan, si les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous d’ici à la fin de l’année. L’enjeu est de permettre aux autorités afghanes de prendre en main la sécurité dans plusieurs provinces afin d’avoir « la possibilité de réajuster » les forces de l’Otan et « de montrer qu’il y a un espoir et une dynamique ».

Pas question donc d’un retrait généralisé des troupes coalisées à partir de juillet 2011. Pour James Jones, « c’est la période où nous pensons que nous pourrons transférer plus de responsabilités aux autorités afghanes. (…) Juillet 2011, ça nous donne un espoir, celui de pouvoir retirer quelques forces – le chiffre n’est pas prédéterminé – pour montrer aux Afghans et à nos propres citoyens une nouvelle direction, positive, pour qu’un jour la responsabilité de l’Afghanistan revienne aux citoyens afghans ».

En France, le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, ne parle pas d’un début de retrait mais va dans le sens de James Jones quant aux premiers bénéfices de la stratégie mise en place en Afghanistan. « (…) Les premiers résultats sont espérés pour la fin de cette année au plus tôt. Je pense pour ma part qu’ils devraient être visibles à la charnière du printemps et de l’été 2011 » a-t-il déclaré au Parisien, le 13 juillet. « Soyons tenaces, car personne n’a aujourd’hui de stratégie de rechange pour rendre l’Afghanistan plus stable » a-t-il également estimé.

Juillet 2011 devrait donc être un mois décisif pour l’avenir de l’Afghanistan, mais aussi pour celui des troupes engagées sous la bannière de l’Otan. Car si des progrès tangibles sont obtenus, alors un retrait partiel du contingent américain pourra être envisagé. Et si les Etats-Unis commencent à se retirer, d’autres pays pourraient suivre le mouvement.

Seulement, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, ne veut pas entendre parler de calendrier de retrait. Et cela pour une raison simple : cela aurait pour conséquence de motiver les insurgés à intensifier leurs attaques contre les troupes internationales.

« Les taliban suivent de près le débat politique dans les pays qui contribuent à la force (internationale) » a expliqué M. Rasmussen au quotidien britannique The Daily Telegraph. « S’ils découvrent que, par leurs attaques, ils sont capables d’affaiblir le soutien à notre présence en Afghanistan, ils se sentiront encouragés à renforcer leurs attaques contre les troupes étrangères », a-t-il poursuivi.

Aussi, l’ancien Premier ministre danois se montre très prudent sur un éventuel début de retrait. « Nous pouvons nourrir des espoirs, des attentes, mais je ne puis donner aucune garantie quant à une date ou une année exacte » a-t-il déclaré. Sa position rejoint celle de John McCain, le rival malheureux de Barack Obama lors de la dernière élection présidentielle américaine.

« Ce qui m’inquiète le plus, c’est la date de juillet 2011 pour commencer un retrait des forces américaines » a-t-il déclaré depuis Kaboul à la chaîne de télévision ABC le 4 juillet dernier. Pour le sénateur républicain de l’Arizona, il faudrait plutôt définir des « conditions de base » et non décider d’une « date de retrait ». « Je m’inquiète de la perception que vont avoir nos amis, nos ennemis et le peuple afghan quant à la solidité de notre engagement » a-t-il aussi expliqué. « Si vous dites à votre ennemi que vous parter à une certaine date, sans aucun doute alors cet ennemi va attendre que vous partiez » a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]