Les appelés du contingent suédois prennent la quille

Récemment, l’Allemagne a pris la décision de porter à six mois la durée du service militaire obligatoire, auquel beaucoup de jeunes allemands échappent en choisissant d’effectuer un période d’intérêt général au bénéfice d’association et de services sociaux. Mais il est vraisemblable que la conscription soit prochainement abandonnée outre-Rhin, à l’instar de la Suède qui, à compter de ce 1er juillet, ne compte plus d’appelés du contingent au sein de ses armées.

En effet, le 16 juin 2009, le parlement suédois, sur proposition du gouvernement conservateur en place à Stockholm, s’était prononcé pour la suppression du service militaire (le « lumpen ») à une très courte majorité et la mise en place d’une armée professionnelle. Cette année encore, près de 7.000 conscrits étaient encore sous les drapeaux. Un chiffre bien éloigné des 40.000 appelés au temps de la guerre froide au cours de laquelle la Suède prévoyait des plans de mobilisation de 500.000 hommes (sur 8 millions d’habitants) en cas de forte tension avec le voisin soviétique.

C’est donc une page ouverte en 1901 que Stockholm vient de tourner. Pendant longtemps, la Suède a privilégié le concept de défense territoriale, censé répondre à une attaque venue de l’autre côté de la mer Baltique. Mais les choses ont évolué et désormais, l’armée suédoise, confrontées comme ses homologues européennes à des coupes budgétaires, doit se recentrer sur ses capacités d’intervention sur des théâtres d’opérations extérieures. C’est ainsi qu’elle a participé à des missions internationales, que ce soit sous la bannière de l’Union européenne (Eufor Tchad, RD Congo) ou en coopération avec l’Otan (Kosovo, Afghanistan).

Par ailleurs, et alors qu’elle était neutre au cours des deux conflits mondiaux, la Suède, qui n’est pas membre de l’Otan, s’en est toutefois rapprochée via le Partenariat Pour la Paix de l’Alliance atlantique. Et, en tant que membre de l’UE, Stokholm pourrait être contraint de prendre part à des opérations militaires en cas d’agression contre un autre Etat membre, conformément à ce que prévoit le Traité de Lisbonne.

Par conséquent, les missions qui sont assignées à l’armée suédoise demandent des militaires professionnels et aguerris, pouvant être déployés dans le cadre d’opérations extérieures. A cette fin, une vaste campagne de recrutement a été lancé. Il s’agit pour le royaume de recruter 4.000 hommes et femmes chaque année.

Seulement, l’abandon de la conscription ne fait pas l’unanimité et les opposants à cette décision font valoir trois arguments. Certains ne croient pas à la disparition de la menace russe, un proverbe local disant que « l’ennemi vient toujours de l’Est ». D’autres s’inquiètent pour le lien social dans le pays. « Il y a de bonnes raisons de regretter qu’avec la fin du service militaire, un nouveau pan de la conscience collective va encore disparaître » peut-on lire dans un éditorial du quotidien Aftonbladet. Enfin, il y a ceux qui craignent de voir la Suède tourner définitivement le dos à sa doctrine de neutralité et que la professionnalisation des armées soient le prélude à une intégration plus poussée dans des structures militaires comme celles de l’Otan.

Toujours est-il que la suppression de la conscription pourrait être annulée si l’opposition actuelle social-démocrate remporte les élections de septembre prochain. Elle a en effet promis de rétablir le service militaire, sous une forme « rénovée ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]