Le général McChrystal charge l’administration Obama

La rumeur disait que les responsables militaires américains s’agaçaient de la lenteur du président Obama à choisir entre les différentes options qui lui avaient été proposées par le général McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité, pour contrer l’insurrection en Afghanistan.

Et finalement, et même si cette expression est à manier avec discernement, il n’y a pas de fumée sans feu. En effet, dans un article du magazine Rolling Stone, spécialiste de l’actualité musicale, l’officier américain a tenu des propos désobligeants à l’égard du vice-président Joe Biden.

Lors des débats qui ont eu lieu à l’automne 2009, ce dernier ne souhaitait pas l’envoi massif de renforts en Afghanistan et préconisait plutôt des interventions ciblées contre les dirigeants de la nébuleuse al-Qaïda et de ses alliés.

« Vous allez m’interroger sur Joe Biden? Qui est-ce » demande ainsi en riant le général McChrystal, selon les propos retranscrits par Rolling Stone. « Biden » reprend alors un de ses conseillers qui en rajoute en faisant un jeu de mot : « Vous avez dit Bite Me? », ce qui signifie « va te faire voir ».

Le vice-président n’est pas le seul a faire les frais des sarcasmes de l’équipe du général McChrystal. Le conseiller à la sécurité nationale, le général en retraire Jim Jones, a été qualifié, dans le même article, de « clown resté figé en 1985 ».

Et le président Obama a également été égratigné, le commandant de l’ISAF n’ayant pas eu une très bonne impression de lui lors d’une entrevue à la Maison Blanche. « C’était une rencontre de 10 minutes pour la photo » a déclaré un collaborateur du général. « Obama ne savait rien de lui, de qui il était, il n’avait pas l’air très concerné » a-t-il ajouté. « Le patron (ndlr, le général McChrystal) a été très déçu » a-t-il conclu.

Enfin, l’ambassadeur américain à Kaboul, Karl Eikenberry, ne trouve pas grâce non plus aux yeux du général McChrystal. Le diplomate avait en effet critiqué la stratégie que l’officier américain avait élaboré. D’où un sentiment de « trahison » dont il a fait part dans les colonnes de Rolling Stone.

Seulement voilà, cette sortie du commandant de l’ISAF n’a pas du tout été appréciée à la Maison Blanche. Certes, le général McChrystal s’est immédiatement excusé pour ses propos. « C’était une erreur faisant état d’un piètre jugement et cela n’aurait jamais dû se produire » a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il avait « énormément » de respect pour l’administration Obama.

Mais, semble-t-il, le mal est fait. Déjà, le chef d’état-major interarmées, l’amiral Michael Mullen, s’est dit « profondément déçus » par les déclarations de son subordonné, avec lequel il s’est entretenu le 21 juin au soir. Et le général McChrystal a été convoqué « en personne » pour prendre part à la conférence mensuelle portant sur la situation en Afghanistan et au Pakistan. Or, d’habitude, l’officier y intervient par téléconférence. Il va sans dire qu’il devra fournir quelques explications au président Obama.

Alors qu’une offensive de grande ampleur est en cours de préparation dans la province de Kandahar et que l’Otan connaît des jours difficiles en Afghanistan – 10 soldats ont été tués hier – le général McChrystal pourrait ne pas être maintenu à son poste.

« La première des priorités, c’est notre mission en Afghanistan et notre capacité à aller de l’avant avec habileté » a fait savoir le sénateur démocrate John Kerry, qui a appelé au « sang-froid et au calme » au sujet de cette affaire. L’ancien candidat à la Maison Blanche en 2004 a toutefois estimé qu’il revient maintenant au président Obama de décider du renvoi ou du maintien du général McChrystal.

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