Afghanistan : Les Etats-Unis préparent un plan de retrait

En matière de stratégie, il est peu commun d’annoncer ses intentions à l’adversaire. Or, c’est exactement ce que font les Etats-Unis, et plus précisément le président Obama, en fixant le début du retrait militaire américain d’Afghanistan à partir de juillet 2011.

Le 16 juin dernier, le général David Petraeus, le chef de l’US Centcom, le commandement pour le Moyen Orient et l’Asie centrale, a présenté et défendu un plan de retrait d’Afghanistan devant les sénateurs américains.

Toutefois, cela ne pourra se faire que sous certains critères. « Il est important de voir cett date du mois de juillet 2011 pour ce qu’elle est : la date du début d’un processus entouré de conditions » a ainsi précisé le général Petraeus.

« De plus, le soutien que j’ai apporté aux décisions du président se basait sur les prévisions faites quant aux conditions qui prévaudront en juillet 2011. Il va sans dire que nous faisons tout ce qui est humainement possible pour que ces conditions soient réunies » a-t-il encore déclaré.

En clair, tout dépendra de l’évolution de la situation. En mai dernier, le général Stanley McChrystal, le commandant des forces de l’Otan en Afghanistan, avait estimé que les progrès étaient « lents mais constants ».

Un point de vue partagé par Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat : « Je pense que nous faisons des progrès (…) Il est faux de dire qu’il n’y a pas de réussites », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse qu’elle a tenue le 18 juin avec son homologue danoise, Lene Espersen.

Et le porte-parole de l’Otan, le général Josef Blotz, n’a pas dit autre chose le lendemain. « Les combats sévères devraient se poursuivre mais la situation tourne en notre faveur au fur et à mesure que des forces supplémentaires sont envoyées dans la zone (sud, ndlr) » a-t-il affirmé.

Toutefois, un rapport des Nations unies, soumis la semaine passée au Conseil de sécurité, dresse un tableau plus sombre de la situation afghane. Ainsi, selon ce document, l’insécurité en Afghanistan aurait augmenté au cours des trois premiers mois de l’année

Les explosions d’engins explosifs impovisés (IED) auraient progressé de 94% par rapport au premier trimestre 2009, de même que les assassinats de responsables politiques afghans (+45%). La moyenne des attentats suicides serait de 3 par semaine et la moitié sont commis dans le sud du pays. Lequel apparaît, toujours selon le document, comme le « coeur du conflit afghan ». Ce qui est somme toute normal étant donné qu’il est le théâtre des principales opérations militaires planifiées par l’Otan (comme celle de Marjah, dans le Helmand et celle à venir, dans Kandahar).

Cela étant, la question d’un retrait d’Afghanistan n’est pas seulement abordée qu’aux Etats-Unis. Des débats ont lieu aux Pays-Bas et au Canada, mais aussi en Pologne, dont le contingent militaire dans le pays est fort de 2.600 hommes.

« Il est temps de terminer notre mission en Afghanistan. Cela ne signifie ni une fuite rapide, ni une désertion, ni l’abandon de nos alliés, mais il faut déterminer ensemble, avec l’Otan, les délais précis de notre départ » a ainsi déclaré Bronislaw Komorowski, le président polonais par intérim.

Au moins trois raisons expliquent la volonté de Varsovie de retirer ses troupes au plus tôt. La première tient aux pertes enregistrées par l’armée polonaise, avec 17 hommes tués. La seconde en est la conséquence : l’opinion publique est défavorable, aux trois quarts, au maintien de ses soldats en Afghanistan. Enfin, les militaires polonais, affectés à la formation des troupes afghanes, sont désappointés de voir des soldats qu’ils ont instruits, rejoindre les rangs insurgés…

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