Des militaires français soumis à la charia?

En janvier 2008, le président Sarkozy avait annoncé la création d’une base interarmées permanente à Abou Dhabi. Quelques mois plus tard, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale confirmait l’importance stratégique des Emirats arabes unies (EAU) pour la France en raison de sa position géographique, située dans les environs du détroit d’Ormuz par où passe 40% de la production pétrolière mondiale et à proximité de l’Iran.

Quelques mois plus tard, le 26 mai 2009, l’implantation française (IMFEAU), qui s’étend sur trois emprises (une base aérienne, une base navale et un centre d’entraînement en zone désertique) a été inaugurée.

Actuellement, une centaine de militaires français y sont affectés. Trois Mirage 2000 de l’escadron de chasse 1/2 Cigognes y assurent des missions de surveillance aérienne. Ils devraient être remplacés prochainement par des Rafale de l’EC 3/33 Lorraine, qui sera bientôt recréé.

Seulement, cette implantation militaire française, qui va de pair avec des accords de défense entre la France et les EAU, pose un problème inédit. En effet, ces derniers appliquent la charia, c’est à dire la loi islamique. Laquelle prévoit, pour certains délits, la peine de mort, ou encore la lapidation pour adultère et d’autres châtiments divers en variés en cas de manquement aux prescriptions coraniques.

Récemment, un couple de jeunes britanniques a été condamné à Dubaï (qui fait partie des Emirats, ndlr) à un mois de prison ferme pour avoir commis « un acte sexuel en public en s’embrassant sur la joue ».

Dans ces conditions, autant dire qu’il n’est pas question d’organiser un apéro « saucisson-pinard » dans l’enceinte de la base aérienne 104 d’Al Dhafra! Car, à l’heure actuelle, la charia s’applique aussi aux militaires français, ainsi quà leur famille. Et, selon le Monde, pour cette raison, le Conseil d’Etat a rendu un avis négatif sur le projet d’accord de défense avec les Emirats car les sanctions prévues par la loi islamique sont tout simplement incompatibles avec les principes républicains.

Ce problème fait l’objet de négociations entre la France et les EAU afin de trouver un compromis. Lequel sera sans doute difficile à trouver étant donné que les Emirats ne peuvent pas accorder de dérogations à l’application de la charia sur leur propre sol. A moins que la teneur de l’accord de défense reste secrète. Or, le président Sarkozy s’était engagé à ce que ce type d’engagements soit rendu public.

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