Le Pentagone (re)découvre le potentiel géologique de l’Afghanistan

Dans son édition du 13 juin, le New York Times a révélé qu’une étude menée par une équipe de géologues américains, dont certains travaillent pour le compte du Pentagone, fait état que le sous-sol afghan recélerait des ressources en minerales estimées à plus de 1.000 milliards de dollars : cuivre, cobalt, fer, molybdène, aluminium, argent, niobium (métal mou destiné aux supraconducteurs)… sans oublier le lithium, qui sert à fabriquer les batteries.

A propos de ce minerai, qui va devenir de plus en plus stratégique à mesure que les sources d’énergie dégageant peu de dioxyde de carbone se généraliseront, un memo du Pentagone, cité par le quotidien américain, affirme que l’Afghanistan pourrait devenir « l’Arabie Saoudite du lithium », étant donné que ses réserves seraient aussi importantes que celle de la Bolivie, qui en est, à ce jour, le premier producteur mondial.

En fait, cette information n’est pas nouvelle. En 2007, un rapport de l’USGS (United States Geological Survey) avait déjà fait un bilan des ressources géologiques de l’Afghanistan. Et ces dernières étaient même déjà connues depuis les années 1970, selon le blog américain Politico.

A première vue, ces ressources pourraient transformer radicalement l’économie de l’Afghanistan, qui repose sur la générosité de l’aide internationale, les trafics et la production d’opium. Et aussi faire exploser le Produit intérieur brut du pays, actuellement de 12 milliards de dollars. Et sans doute la corruption : selon le Wall Street Journal, le ministère afghan des Mines est sans doute le plus corrompu…

Par ailleurs, ce potentiel économique pourrait susciter de la convoitise de la part d’autres pays et donner ainsi à l’Afghanistan une position stratégique de toute première importance. Preuve que ces ressources sont connues, la Chine est déjà présente en Afghanistan et exploite depuis 2007, via la China Metallurgical Group Corporation (MCC), un gisement de cuivre situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Kaboul, dans la province du Logar. Cette mine est en cours de construction et devrait, à terme, produire 11 millions de tonnes de minerais en 25 ans, ce qui représente le tiers des réserves chinoises de métal rouge.

Seulement, l’évaluation de la valeur de l’ensemble des ressources géologiques de l’Afghanistan n’est que purement théorique. Car le pays manque cruellement d’infrastructures pour les exploiter, d’autant plus que l’industrie minière demande énormément d’énergie et que la production électrique y est quasi inexistante. Cela supposera l’investissement de capitaux importants et, surtout, des régions pacifiées.

Faute de quoi, ce qui peut apparaître une chance pour ce pays pourrait se retourner contre lui. L’on pourrait facilement imaginer que certains gisements puissent susciter la convoitise des insurgés, ce qui aurait pour effet de les encourager à livrer des combats pour s’en assurer le contrôle.

« Les Afghans prennent conscience qu’ils ont une source de richesse indigène qui, si elle est exploitée correctement, leur permettra d’être souverain » a expliqué Paul Brinkley, un responsable du Pentagone qui a dirigé l’étude évoquée par le New York Times. A moins que l’Afghanistan suive la voie de la République démocratique du Congo, très riche en ressources minérales (dont le coltan), et qui est confrontée depuis des années à une guerre larvée, notamment dans le nord-Kivu.

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