Un colonel de gendarmerie suspendu pendant un an par la justice

Est-ce le rôle des gendarmes de jouer les figurants pour la reconstitution de scènes de crime? Pour le colonel Nicolas Blériot, la réponse est non.

Considérant que cela « est une tâche non conforme à ce qui peut être demandé à un militaire de la gendarmerie », l’officier avait refusé, le 12 février dernier, une demande d’un juge d’instruction du tribunal de Charleville-Mézières qui souhaitait deux gendarmes – une femme et un homme – pour la reconstitution d’une agression sexuelle. Finalement, les deux figurants avaient été fournis par une troupe de théatre locale et l’affaire en était restée là.

Sauf que, quelques semaines plus tard, le commandant des gendarmes ardennais est à nouveau sollicité pour une requête identique. Cette fois, c’est pour la reconstitution du double meutre d’une fillette et de sa mère, tuée par une vingtaine de coups de sabre. Et la demande du magistrat relève plus d’une agence de casting : il lui faut une « gendarmette » mesurant précisément 1,61 mètre pour 75 kg. Refus, encore, du colonel Blériot qui exprime par écrit ses « réticences » à détacher des militaires « pour parodier une scène de crime à ce point intense sur le plan dramatique ». D’autant plus que pour l’officier, les priorités sont ailleurs.

Seulement voilà, pour ne pas avoir répondu favorablement à la demande du juge d’instruction rémois, le colonel Blériot, par ailleurs soutenu par le général Jacques Mignaux, le directeur général de la gendarmerie nationale, a été suspendu, le 10 juin, de son habilitation d’officier de police judiciare pour un an par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Reims, au motif qu’il se serait soustrait aux obligations du code de procédure pénale.

« L’officier qui a agi en accord avec sa hiérarchie n’a fait que protéger ses hommes et ses femmes qui en ont assez de jouer le rôle de cobayes dans des conditions souvent pénibles » a fait valoir l’avocat du militaire, Me Ahmed Harir.

Cela étant, selon une source « proche du dossier », citée par l’Agence France Presse, « le parquet général, qui jugeait un simple avertissement, a décidé de former un pourvoi en cassation jugeant la sanction disproportionnée par rappot aux manquements qui ont été commis ».

Diplômé de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, le colonel Blériot a d’abord servi au sein de la Légion étrangère avant d’intégrer la gendarmerie nationale dans les années 1990. Il a par ailleurs participé à de nombreuses opérations extérieures (Arabie Saoudite, Koweït, Irak, Kosovo, Cambodge). Il a été nommé à la tête du groupement de gendarmerie des Ardennes en août 2009.

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