Fin du COVAPI dans les armées

L’idée du ministre de la Défense, Hervé Morin, de doter le futur pentagone à la française (le « Balardgone ») d’une piscine pour 30 millions d’euros sur 30 ans (10 millions pour la construction et 20 millions pour le fonctionnement) est-elle aussi saugrenue que certains le pensent?

A en juger par les réactions diverses que chacun peut lire sur les réseaux sociaux ou sur d’autres blogs, l’on pourrait le croire. Encore faudrait-il donner quelques précisions pour mieux aborder ce débat.

La construction du « Balardgone », qui va accueillir 10.000 personnes, est de l’ordre de 600 millions d’euros. Le projet sera en outre financé via un partenariat public-privé (PPP) selon lequel les armées loueront l’ensemble pendant 30 ans et pour un loyer annuel de 100 millions d’euros, frais d’entretien inclus. Par conséquent, le coût de la piscine voulue par le ministre n’apparaît pas aussi exhorbitant qu’il a été donné à (sous) entendre.

L’on pourrait même aller encore plus loin en estimant, qu’au contraire, cela aurait été une erreur de ne pas penser à y inclure une piscine, de même que d’autres installations sportives. Ce n’est pas une fois que le Balardgone sera construit qu’il faudra en effet déplorer l’absence d’infrastructures sportives.

Encore une fois, et pour prendre le contre-pied des réactions lues ici ou là, il ne s’agit pas non plus de construire une piscine de luxe – comme certains peuvent se l’imaginer – pour la détente et le bien être des généraux et des conseillers du ministre (si ce n’est pas du ministre lui-même!). En période de crise, l’on aurait pu effectivement crier au scandale si il avait été question d’un bassin en marbre blanc avec une robinetterie en or sertie de diamants.

Ce qu’il faut savoir, c’est que les militaires, quel que soit leur lieu d’affectation, doivent faire évaluer leur condition physique en passant différentes épreuves, dont la natation. Jusqu’à une date récente, l’ensemble de ces tests était plus connu sous le nom de COVAPI (Contrôle obligatoire de la valeur physique individuelle).

Désormais, il s’agit de parler de Contrôle de la condition physique du militaire (CCPM), qui est un nouveau système d’évaluation qui met davantage l’accent sur la performance que sur l’aptitude, avec des barêmes nettement revus à la hausse. D’où la nécessité pour un militaire de s’entraîner régulièrement pour entretenir sa forme.

Concrètement, le CCPM est composé par deux modules. Le premier est le Contrôle de la condition physique générale (CCPG), qui est à la fois obligatoire et commun aux trois armées et à la gendarmerie. Parmi les épreuves, l’on trouve le test de Cooper (parcourir la plus longue distance en 12 minutes), la musculation (grimper de corde ou pompes) et.. la natation. Le second est le Contrôle de la condition physique spécifique (CCPS). Facultatif, il permet d’évaluer la condition physique afin d’établir si un militaire est apte à remplir un emploi ou une mission spécifique.

Les trois épreuves du CCPG sont notées sur 20. Pour être considéré comme ayant une bonne forme physique, il faut atteindre les 41 points. Mais par rapport au COVAPI, il y a plutôt intérêt à « cravacher » : ainsi, pour avoir la note maximale au test de Cooper, il faut parcourir 3.300 mètres au lieu de 2.700 comme c’était le cas auparavant.

Aussi, pour réussir ces évaluations, il n’y a pas de secret : il faut s’entraîner régulièrement. Ce qui n’est pas toujours évident, compte tenu des contraintes, qu’elles soient de service ou non. D’où l’intérêt d’une piscine à Balard, qui pourra être ouverte à tous les personnels, en fonction de leur disponibilité.

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