La participation néerlandaise au programme F35 menacée

Un seul et même avion pour trois usages différents. Tel était initialement la raison d’être du programme Joint Strike Fighter (JSF) / F35 Lignhting II, développé par Lockheed-Martin.

En effet, le Pentagone compte faire de cet appareil l’épine dorsale de ses forces aériennes, décliné en trois versions : F35A pour l’US Air Force, F35B à décollage et à atterrissage vertical (STO/VL, Short Take-Off/Vertical Landing) pour l’US Marines Corp et le F35C capable d’embarquer à bord des porte-avions de l’US Navy.

L’idée était de réaliser des économies d’échelle qui auraient été d’autant plus importantes que près de 2.443 F35 ont été commandés par l’armée américaine. Mais voilà, un même avion ne peut pas tout faire à la fois et si, à l’origine, les trois versions devaient reposer sur un appareil identique à 80%, ce n’est plus le cas actuellement.

En effet, selon Inside Defense, les trois versions commandées suppose la mise au point de trois appareils différents, car identiques seulement à 25%. Et déjà que le programme F35 est l’un des plus onéreux de l’histoire de l’aviation militaire, les coûts unitaires risquent par conséquent d’être revu une nouvelle fois à la hausse.

En mars dernier, le Government Accountability Office (GAO), l’équivalent américain de la Cour des comptes françaises, avait estimé que le programme allait dépasser les 1000 milliards de dollars.

A cette facture salée s’ajoutent les retards (seulement 10% des essais en vol prévu en 2009 ont été réalisés) ainsi que le lobbying au Congrès américain pour faire voter le développement d’un second moteur par General Electric / Rolls Royce et dont le secrétaire à la Défense, Robert Gates, ne veut pas au point de demander au président Obama de mettre son veto si des crédits sont votés en sa faveur.

Aussi, et dans ces conditions, il n’est guère étonnant que des questions se posent quant à la poursuite de ce programme. L’US Navy les a exposées récemment dans un rapport, lequel recommandait l’abandon pur et simple du F35 pour se concentrer uniquement sur le F18 Super Hornet dans sa version E/F.

Finalement, la marine américaine n’ira pas dans le sens indiqué par ce document, malgré l’achat de 124 appareils supplémentaires fabriqués par Boeing. C’est en tous les cas ce qu’a fait savoir le patron des programmes d’aviation de l’US Navy, l’amiral Mike Manazir, en affirmant que l’aéronavale aurait besoin de 700 F35 d’ici à 2016.

Par ailleurs, le F35 est aussi un programme international, avec la participation des pays clients de l’appareil à son développement. C’est notamment le cas des Pays-Bas, qui ont choisi cet avion pour remplacer, à terme, ses F16. Seulement, en raison du contexte économique ambiant qui appelle davantage de rigueur budgétaire, l’on s’interroge à Amsterdam sur l’avenir du JSF.

Déjà, les Pays-Bas avaient reporté leur première commande de F35 jusqu’en 2012, année pendant laquelle aurait dû se tenir des élections législatives. Mais comme depuis février dernier, c’est un gouvernement provisoire qui dirige le pays, après la chute du précédent sur l’engagement néerlandais en Afghanistan, un scrutin sera organisé le 9 juin prochain.

Mais en attendant, les députés de la Chambre basse ont voté, le 20 mai, l’arrêt de la participation néerlandaise au développement du F35 ainsi qu’une réévaluation complète du programme, lequel a déjà coûté 800 millions aux contribuables bataves.

Est-ce à dire que les aviateurs néerlandais devront se passer des 85 exemplaires du F35 qu’ils attendent? Un responsable de Lockheed-Martin, Dana Pierce, s’est voulu optimiste, le 24 mai, en estimant que la décision des députés aurait un « léger voire aucun impact sur la politique du gouvernement dans l’avenir ».

« Le ministre de la Défense est fermement derrière le programme (ndlr, du F35 » a déclaré Dana Pierce. « Ils (ndlr, les Néerlandais) ont construit leur force aérienne autour du F35 » a-t-il ajouté.

Reste à voir si le responsable de Lockheed-Martin a raison d’être optimiste. Pour cela, il faudra attendre le gouvernement qui sortira bientôt des urnes.

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