Cette rigueur budgétaire qui s’annonce pour les militaires

Pour éviter de connaître, à terme, le même sort que la Grèce et afin de ne pas affaiblir l’euro, la France va s’engager dans une politique de réduction de son déficit public. Ce dernier atteindra, selon les estimations, les 8% du Produit Intérieur Brut (PIB) cette année et devra être ramené à 3% d’ici à 2013. Tel est, en tout cas, l’objectif affiché par le gouvernement.

Bien qu’il y ait matière à réaliser des économies en France (la loi sur les 35 heures coûte 15 milliards d’euros « bruts » par an (*), les niches fiscales représentent un manque à gagner de 74,78 milliards annuellement pour ne prendre que ces deux exemples), l’Etat entend réduire son train de vie, à l’image de ce que va entreprendre Berlin, qui veut réaliser 3 milliards d’euros d’économie dès cette année, puis 10 milliards par an jusqu’en 2014.

Pour satisfaire cette exigence, l’Allemagne va diminuer de 1,2 milliard d’euros le budget alloué à son armée. Cette perspective pourrait concerner également le ministère français de la Défense, qui est également, faut-il encore le souligner, l’un des bons éléves de la Révision générale des politiques publiques, qui vise justement à rationaliser les dépenses étatiques.

Les économies réalisées par les armées doivent, en principe, être réinvesties pour leurs équipements. Seulement voilà, les annonces du gel des dépenses publiques et des efforts supplémentaires à consentir pour lutter contre le déficit budgétaire font craindre que la Loi de programmation militaire (LPM) 2009-2014 ne soit pas respectée. Cette dernière prévoit une enveloppe de 186 milliards d’euros sur cette période, avec une hausse des crédits de 1% par an à partir de 2012.

Cela étant, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a déjà fait valoir que les dépenses d’armement avaient un impact positif sur l’emploi et qu’elles favorisaient une industrie de pointe. Mais à l’occasion de sa visite à bord du porte-hélicoptère Jeanne d’Arc, le 21 mai, le locataire de l’Hôtel de Brienne a d’ores et déjà prévenu que les armées ne seraient pas épargnées par la rigueur qui s’annonce et qu’elles devront faire un « effort momentané », sans toutefois avancer de chiffre.

« La lutte contre les déficits et le maintien de l’outil de défense, c’est le même combat » a ainsi déclaré Hervé Morin. « Que les armées n’y participent pas, ce n’est pas mon idée », a-t-il ajouté, tout en estimant que « dans des situations comme on en connaît aujourd’hui, on ne comprendrait pas qu’elles ne fassent pas un effort momentané ».

Reste à connaître la nature de cet « effort momentané ». L’on sait que si la hausse de 1% des crédits militaires à partir de 2012 prévue par la LPM n’est pas respectée, il manquera plusieurs milliards pour financer les programmes d’armement en cours.

D’où, sans doute, une baisse supplémentaire des effectifs, les travaux de VAR (Variation annuelle du référentiel), sur la base de calculs de la Direction des affaires financières (DAF), ayant évoqué, en mars dernier, le chiffre de 10.000 postes en moins dans les mois qui viennent. A moins que des économies soient réalisées avec le retrait partiel du contingent français en Afghanistan…

 

(*) Sur cette question, voir l’enquête de l’OCDE au sujet de la réduction du temps de travail (2003). « Au total, les effets à court terme de cette mesure ont très probablement été positifs sur l’emploi. Dans une perspective de plus long terme, on peut craindre que cette politique de réduction collective du temps de travail pèse lourdement sur les finances publiques et qu’elle ait entamé le potentiel de croissance économique » ont indiqué ses auteurs.

Voir également l’avis, plus nuancé sur cette question, d’un économiste de l’OFCE.

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