Décès d’un héros français du Jour J

Un ancien du commando Kieffer s’en est allé. En effet, Maurice Chauvet, qui fut l’un des 177 français à débarquer sur les plages normandes le 6 juin 1944, est décédé à l’âge de 92 ans.

C’est à bord le croiseur Georges Leygues, de l’escadre de Méditerranée que Maurice Chauvet apprend la nouvelle de l’armistice mettant fin aux combats entre la France et l’Allemagne. Démobilisé et après un bref séjour chez ses parents à Paris, Maurice Chauvet entreprend de rallier l’Angleterre pour continuer à combattre.

Après avoir rallié Marseille, alors en zone dite « libre », Maurice Chauvet réussit à embarquer en qualité de matelot sur un Cargo en partance pour l’Afrique. Le jeune marin n’a qu’une idée : trouver l’occasion favorable pour s’éclipser et rejoindre Londres. C’est au Maroc qu’une telle opportunité s’offre à lui : en octobre 1941, et en compagnie de deux Norvégiens, il vole une embarcation avec le but d’atteindre Gibraltar.

Seulement, une tempête vient contrecarrer ce projet. Recueillis par un chalutier espagnol, Maurice Chauvet et ses compagnons d’infortune vont être emprisonnés à la prison militaire de Séville.

Après plusieurs mois passés dans différentes géôles espagnoles avec des conditions de vie pour le moins difficiles, Maurice Chauvet finira quand même par être libéré, suite notamment à l’invasion de la zone libre par l’armée allemande en novembre 1942.

Parti au Portugal, il embarque sur un cargo qui l’emmène, avec d’autres compatriotes, au … Maroc. Finalement, bien qu’il fasse l’objet d’une condamnation pour avoir déserté en 1941, Maurice Chauvet réussi à rejoindre Gibraltar, où il sera ensuite transféré sur un transport de troupes américain qui doit rallier l’Ecosse.

Le 6 juin 1943, et après 882 jours de périple, Maurice Chauvet est enfin à Londres, où il s’engage au sein des Forces navales françaises libres. Incorporé à la caserne « Surcouf », il se porte volontaire pour intégrer les commandos. Il rencontre ainsi le commandant Kieffer et rejoint ensuite la Troops n°8 du capitaine Charles Trepel du 1er bataillon de fusiliers marins commandos (1er BFMC), avec le galon de caporal.

En mai 1944, les hommes de Kieffer disposent de leur propre insigne, dessiné par Maurice Chauvet (écu de bronze représentant un brick – qui représente l’aventure – barré d’un poignard avec une croix de Lorraine dans le coin) et qui est encore de nos jours portés par les commandos de marine.

Quelques semaines plus tard, le caporal Chauvet embarque pour la Normandie avec les 176 autres commandos du commandant Kieffer. « 5 juin 1944, 22:30. Nous savons maintenant depuis une demi-heure où a lieu l’invasion. Nous débarquerons demain, 6 juin à H+20=07:00 à l’ouest de Ouistreham » écrit-il dans son livre « It’s a long way to Normandy ».

Après des jours et des jours d’entraînement intensifs en Ecosse, le grand moment est enfin arrivé. « Après des creux de 1,50m, nous sommes arrivés à marée basse sur l’une des deux ‘landing craft infantery small’, sorte d’emballage sans retour qui transportait 80 types (…) On a échoué au milieu des pieux (…). Il est est 7:30, nous sommes à 250 m du but, dans un champ de mines. Mission : s’emparer du port de Ouistreham. Sur le dos, 50 kg de matériel, un vélo et 2,500 km à parcourir. (…) A 11 h, on pouvait considérer que c’était terminé » a-t-il encore relaté.

Mais au cours des opérations, Maurice Chauvet est blessé, ce qui lui vaudra d’être évacué en Angleterre cinq jours après le Débarquement.

Après la guerre, Maurice Chauvet travaillera pour le cinéma. Il a notamment été l’un des conseillers militaires pour le film « Le jour le plus long », réalisé en 1962 sur la base du livre éponyme de Cornelius Ryan.

Photo : Le commando Kieffer débarque à Sword Beach, le 6 juin 1944

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