Thales et Safran n’arrivent pas à s’entendre

Les groupes Safran et Thales ont un point commun : ils vendent tous les deux des équipements optroniques à l’armée française. Aussi, et afin d’éviter les redondances et de financer ainsi deux filières qui ne pourraient en faire qu’une, le gouvernement français a mis la pression sur ces deux acteurs de l’industrie de la défense pour qu’ils négocient un rapprochement dans ce domaine, quitte à geler les investissements en matière de recherche et développement – soit quelques dizaines de millions d’euros – qui leur étaient jusque-là destinés.

Seulement, au bout de quelques mois de négociations, les discussions entre Thales et Safran sont « closes », d’après un communiqué publié en commun par les deux groupes. Plusieurs raisons expliquent cet échec. Tout d’abord, il y a l’intransigeance des deux interlocuteurs.

En effet, il était question que Thales reprenne les activités dans l’optronique de Safran, ce qui lui aurait assuré de devenir le numéro deux mondial, juste derrière la société américaine Raytheon avec un chiffre d’affaires estimé entre 600 millions et un milliard d’euros.

Pour que ce transfert ce fasse, Thales a proposé une somme d’argent au groupe Safran. Sauf que le président du directoire de ce dernier, Jean-Paul Herteman a refusé, préférant un échange d’actifs, en l’occurrence ceux concernant les calculateurs embarqués et plus généralement la navigation inertielle. Ce que Luc Vigneron, le patron de Thales, a refusé, au prétexte que cette transaction affaiblirait son groupe car cette activité a une importance stratégique.

L’autre point de friction concerne le coût à la fois social et financier que cette opération aurait induit. Ainsi, celui du seul regroupement des activités d’optronique a été estimé entre 200 et 250 millions d’euros. D’où la question de savoir qui allait les prendre en charge.

Alors qu’il est actionnaire des deux groupes (30% du capital de Safran et 27% de celui de Thales), l’Etat n’aura donc pas réussi, du moins pour le moment, à imposer ses vues dans cette affaire, même si, dans l’entourage du ministre de la Défense, Hervé Morin, on insiste sur la nécessité de trouver un accord.

« Nous écoutons le client et l’actionnaire mais notre projet est de créer de la valeur pour Safran, c’est à dire l’ensemble de ses actionnaires, et de permettre aussi un développement de ses activités dans les conditions optimales au profit de nos salariés » faisait valoir, le mois dernier, Jean-Paul Herteman. Autrement dit, la volonté gouvernementale, aussi importante soit-elle, doit se plier à d’autres impératifs.

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