Une émission sur la gendarmerie qui ne passe pas chez les policiers

Après avoir dédié des émissions à la Marine nationale et aux armées de Terre et de l’Air, l’animateur Michel Drucker s’est intéressé à la Gendarmerie nationale, le 4 mai dernier.

Seulement voilà, à l’heure du rapprochement entre la gendarmerie et la police, cette programmation a fortement déplu chez les policiers, et en particulier au Snop, le syndicat majoritaire chez les officiers de police.

« Ce n’est pas de la jalouise. Mais préférer consacrer une émission à la gendarmerie au détriment de la police, c’est prendre le risque de marquer sa préférence, dans une période où le rapprochement de ces deux institutions ne se fait pas sans tensions » avait estimé le secrétaire général adjoint du Snop, Jean-Marc Bailleul, dans les colonnes du Parisien. « Les gendarmes exercent le plus souvent leur métier dans des zones qui n’enregistrent que 25% des crimes et délits » avait-il ajouté.

Bien évidemment, ces remarques n’ont pas été du goût des gendarmes. Ces derniers ne protestent d’ailleurs pas à chaque programmation d’un épisode de Julie Lescaut ou de RIS Police scientifique et ne crient pas au scandale à chaque sortie de films dans le genre de « 36 Quai des Orfèvres » ou lors de la parution d’un roman de Fred Vargas qui met à l’honneur la police parisienne.

Qu’on le veuille ou non, et tant que la loi n’aura pas été modifiée, les gendarmes sont des militaires et il n’y a pas matière à chercher une polémique qui fait d’ailleurs penser à des gamineries de cour d’école. Et puisque l’heure est au rapprochement entre les deux institutions, l’émission de Michel Drucker aura été une bonne occasion pour les policiers de mieux connaître la Gendarmerie.

Pour autant, le Snop ne désarme pas. Ainsi, le secrétaire général de ce syndicat, Dominique Achispon, est revenu à la charge en estimant que le « service public a servi de centre de recrutement pour le gendarmes », ce qui aurait « ému beaucoup de policiers ». Là encore, l’on ne voit pas très bien en quoi ce serait mal. Jusqu’à la preuve du contraire, il n’est pas interdit à la gendarmerie de recruter et si cette émission a permis de faire naître des vocations de sauveteurs en haute-montagne ou de motards, pourquoi pas?

La polémique la plus sérieuse vient en fait du Syndicat national des journalistes (SNJ). Par la voix de sa secrétaire générale, Dominique Pradalié, cette organisation a déclaré être « choquée » par le « fait que la gendarmerie donne l’impression que le service public est à vendre ». Et le fait, l’émission présenté par Michel Drucker a été financée à hauteur de 350.000 euros par la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). Ce qui fait dire à Mme Pradalié que les gendarmes se sont payés « une campagne de communication à moitié prix ».

Selon la DGGN, sachant qu’une campagne nationale de recrutement peut coûter jusqu’à 800.000 euros pour une semaine, l’on pourrait presque la féliciter pour avoir réaliser quelques menues économies, ce qui, par les temps qui courent, est toujours bon à prendre. Reste la déontologie journalistique, qui peut prendre ombrage du fait de se faire payer par l’objet même de son reportage. Mais ça, ce n’est pas le problème des gendarmes.

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