Le coût d’une défense antimissile pour l’Otan : 200 millions d’euros sur 10 ans

Le 12 mars dernier, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a plaidé, à Varsovie, pour que la défense antimissile devienne une des missions militaires de l’Alliance atlantique.

Selon lui, cette dernière va de pair avec la dissuasion nucléaire, laquelle « fonctionne contre des acteurs rationnels » mais qui pourrait être prise en défaut par l’émergence « d’acteurs » qui « ne seront pas rationnels », avait-il alors justifié.

Depuis, Anders Fogh Rasmussen cherche à convaincre les Etats membres de l’Otan de l’utilité de la mise en place d’une défense antimissile. La France, par la voix de son ministre de la Défense, Hervé Morin, est du côté des sceptiques.

Le 31 mars, le locataire de l’Hôtel de Brienne a en effet demandé des éclaircissements sur ce programme, notamment au sujet de son coût, de la menace qu’il est censé écarter et le rôle que les Européens auraient à y jouer, sachant que « les propositions américaines parlent de commandement et de contrôle ».

Le secrétaire général de l’Otan a répondu à quelques unes de ces questions, le 5 mai. Ainsi, le développement d’un système de défense antimissile destiné à protéger les Etats membres européens de l’Alliance atlantique coûterait « moins de 200 millions d’euros sur 10 ans. »

« L’Otan construit déjà un système antimissiles pour protéger nos soldats lorsqu’ils sont en mission » et dont le coût est estimé à 833 millions d’euros, a-t-il rappelé. Il suffirait donc d’accorder cette rallonge budgétaire de 200 millions afin de « protèger non seulement nos soldats mais aussi notre population, les citoyens ordinaires dans nos villes » a-t-il fait valoir. Bien évidemment, cet effort financier serait partagé entre les 28 Etats membres de l’Alliance.

« Pour ce prix, comment pourrions-nous ne pas être d’accord pour bâtir une défense pour tous nos citoyens contre des attaques de missiles? Pourquoi protégerioons-nous nos soldats mais pas toutes les autres personnes » a-t-il demandé.

Le système que préconise Anders Fogh Rasmussen est basé sur celui que comptent mettre en place les Etats-Unis dans le sud de l’Europe, notamment en Roumanie et en Bulgarie, ainsi qu’en Méditerranée, avec le déploiement de frégates AEGIS.

Quant à la menace qui justifierait une telle défense antimissile, le secrétaire général de l’Otan a une nouvelle fois pointé du doigt l’Iran, qui cherche « à se doter de moyens nucléaires et balistiques ».

Quant aux problèmes que cette défense antimissile pourrait créer avec le gouvernement russe, opposé à tout ce qui pourrait remettre en cause sa capacité de dissuasion nucléaire, Anders Fogh Rasmussen a indiqué que l’Europe devait « en parler avec la Russie ».

La question d’un défense antimissile interconnectée avec les moyens américains et ceux propres à l’Otan devra être tranchée d’ici à la fin de l’année, c’est à dire avant la tenue du prochain sommet de Lisbonne, au cours duquel le nouveau concept stratégique de l’Alliance sera dévoilé.

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