Al-Qaïda ne désarme pas en Irak

Après avoir échoué à empêcher la tenue des élections législatives, la branche irakienne d’al-Qaïda profite de l’incertitude politique sortie des urnes pour continuer à lancer des attaques meurtrières.

Ainsi, le 3 avril au matin, des hommes ayant revêtu des treillis semblables à ceux portés par les militaires américains ont massacré 25 personnes dans le village de Soufia, situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Bagdad. Les victimes appartenaient aux Sahwa (comité du réveil), ces milices sunnites qui combattent les militants d’al-Qaïda à partir de septembre 2006.

Les Sahwa, dont le nombre est estimé à 94.000, sont d’anciens insurgés sunnites qui ont en effet pris les armes contre les islamistes après s’être ralliés aux forces américaines, moyennant finances.

Ces milices avaient vu le jour grâce à l’initiative de chefs tribaux dans la province d’Anbar. Leur action a considérablement aidé l’armée américaine à mettre en échec la branche d’al-Qaïda en Irak.

Cela étant, les forces de sécurité irakiennes ont interpellé 25 personnes soupçonnés d’avoir fait partie du commando à l’origine de la tuerie de Soufia. « Les premiers éléments de l’enquête montrant qu’al-Qaïda est derrière l’opération » a déclaré le porte-parole du commandement militaire à Bagdad.

Au lendemain de cette attaque contre les Sahwa, trois véhicules piégés ont explosé près des ambassades d’Iran, d’Egypte et d’Allemagne, situées au centre de Bagdad, plus précisément dans le quartier de Mansour pour les deux dernières.

Les attaques contre l’ambassade iranienne sont fréquentes. Déjà, en avril 2007, trois voitures piégées avaient explosées à proximité, de même qu’en décembre 2009. Selon le ministère irakien de l’Intérieur, ce triple attentat aurait fait une trentaine de tués et 224 blessés.

Une quatrième attaque aurait été déjouée de peu. En effet, une voiture piégée aurait été arrêtée à Mansour par la police irakienne alors qu’il était apparemment prévu de la faire exploser à proximité du quartier général des forces de sécurité en charge de la protection des ambassades.

Le mode opératoire de ces attentats spectaculaires et meurtriers étant le même que ceux qui ont endeuillé l’Irak il y a quelques semaines, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari a estimé qu’ils étaient le fait d’al-Qaïda.

Tout comme ceux qui ont été perpétrés le 5 avril. En effet, sept explosions coordonnées ont visé plusieurs bâtiments à Bagdad, précisément dans les quartiers peuplés majoritairement de chiites, tels que Choula, Choukook, Al Chourta al Rabaa et Alaoui.

Au total, ce sont plus de 100 personnes qui ont perdu la vie dans ces différents attentats. Pour le général Kassim al Moussaoui, le porte-parole pour la sécurité de Bagdad, il ne fait aucun doute que les responsables sont les islamistes d’al-Qaïda, alliés à des nostalgiques du régime de Saddam Hussein. Les premiers semblent d’ailleurs prêt à tout, y compris à utiliser des enfants de 10 ans pour commettre des attentats, ce qui n’est toutefois pas un fait nouveau. « Nous sommes sur un champ de bataille et nous devons nous préparer à tout type d’attaque » a-t-il confié à l’agence de presse Reuters.

Cette vague de violence, qui vient après un mois de mars marqué par une hausse du nombre de civils tués par rapport à février (216 contre 211), a suscité un commentaire acerbe de la part de l’ancier Premier ministre irakien Iyad Allaoui, dont la liste laïque est arrivée en tête lors des dernières élections. « Les responsables gouvernementaux sont responsables, ils n’ont pas su assurer la sécurité » a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « je me demande bien ce qu’ils ont pu faire depuis quatre ans. Ils disaient ‘nous sommes prêts »‘ et voilà le résultat ».

Toujours est-il que le prochain gouvernement irakien ne pourra plus compter sur l’armée américaine pour régler ce terrorisme endémique. Malgré cette nouvelle vague d’attentat, Washington maintient le calendrier de retrait de ses troupes. Citant l’ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a estimé que ces attaques « ne menacent pas » la « capacité à réduire la présence » des forces militaires américaines.

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