Quand un général suisse voit la France comme une menace

Quel point commun pourrait-on trouver entre la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce? Le général André Blattman, le chef des forces armées helvètes, a trouvé une réponse : ces pays, tous membres de l’Union européenne, représentent une menace pour la Suisse.

C’est en tout les cas l’idée qu’il a développée devant la Commission de la politique de sécurité (CPS) en mars dernier, en présentant une « carte secrète » des menaces potentielles planant sur la Suisse.

Pour étayer sa réflexion, le général Blattmann a expliqué que ces pays risquent de créer « des situations que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui », en raison de leur situation économique, potentiellement porteuse de troubles sociaux, comme par exemple la Grèce, qui traverse actuellement une grave crise budgétaire. D’où la crainte de l’officier de voir arriver un flux de réfugiés que la Suisse ne serait pas en mesure de contrôler.

L’estimation du général Blattmann n’a pas été du goût de tout le monde et a provoqué une polémique à Berne. « Nous vivons en 2010, mais ce climat dans lequel nous plonge le chef de l’armée nous rappelle les années 1920 et 1930, quand l’armée a tiré sur les grévistes à Genève et Zurich » a répondu le socialiste Max Chopard-Acklin, qui est le vice-président de la CPS.

Pour les Verts, très sévères, « ces cartes nous plongent en pleine guerre froide. Ce n’est pas étonnant : des militaires comme Blattmann ne font que reproduire les schémas qu’ils ont appris quand ils ont commencé leur service militaire ».

Membre du Parti libéral et radical (PLR, droite), le lieutenant-colonel Peter Malama, également membre de la CPS et de l’état-major suisse, a contesté l’évaluation de son supérieur. « Si déjà on plance sur des scénarios, ce qui est le cas, la pression imaginée vient d’Afrique du Nord, du Maghreb. Mais certainement pas de la Grèce » a-t-il déclaré.

Du côté de l’UDC, l’on estime que le général Blatmann a fait preuve d’une « étonnante maladresse ». « Un flux migratoire en provencance de la Grèce? Ce n’est pas crédible » a lancé Christoph Mörgeli, un élu zurichois de cette formation classée très à droite de l’échiquer politique suisse.

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