Afghanistan : La France prête à faire un nouvel effort?

Pour le New York Times, il serait temps pour le président Sarkozy de renvoyer l’ascenceur à son homologue américain. En effet, dans un éditorial, l’influent quotidien estime que le chef de l’Etat a « obtenu presque tout ce qu’il pouvait espérer de sa visite aux Etats-Unis » et qu’il doit désormais « retourner la faveur en augmentant de manière significative la force de combat française en Afghanistan ».

Parmi les « faveurs » obtenus par le président français, le journal new yorkais cite le fait qu’il a été reçu « comme un ami » à Washington, avec un dîner privé à la clef avec le couple Obama et qu’il a obtenu la promesse que la sélection du prochain avion ravitailleur de l’US Air Force serait « libre et juste », ce qui laisse espérer au groupe européen d’aéronautique et de défense EADS une chance de gagner l’appel d’offres face à son concurrent Boeing.

De plus, toujours selon le New York Times, « la France est un des rares membres de l’Otan qui peut fournir des forces de combat robustes et efficaces ». Cependant, le journal semble oublier que l’armée française est déjà engagée sur d’autres théâtres, comme par exemple le Liban et la Côte d’Ivoire, et qu’elle n’a pas les mêmes capacités et encore moins les moyens que son homologue américaine.

Cela étant, le quotidien estime qu’étant donné « monsieur Sarkozy affirme régulièrement qu’il soutient fortement l’effort de l’Otan en Afghanistan », la « meilleure façon » de joindre la parole aux actes serait « d’envoyer plus de troupes de combat ».

Comme on peut donc le voir, la pression pour un engagement accru de la France en Afghanistan est forte. Or, pour l’instant, et alors que d’autres capitales européennes ont annoncé le déploiement d’effectifs supplémentaires pour renforcer les contingents de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), Paris a annoncé, en février, l’envoi de 80 militaires de plus pour former les forces de sécurité afghanes.

Quitte à décevoir les attentes du New York Times, il n’est toujours pas question de renforcer les troupes combattantes françaises en Afghanistan, même si les équipes d’instructeurs (OMLT, Operationnal Mentoring Liaison Team) paticipent aux opérations de l’armée nationale afghane.

En fait, et selon les confidences d’une source appartenant à l’entourage du président Sarkozy recueillies par l’agence de presse Reuters, si un nouvel effort doit être envisagé, ce sera uniquement en matière de formation des policiers et des militaires afghans.

« Comme le président l’a toujours dit, nous sommes prêts à faire davantage en termes de formation parce que nous partageons l’analyse de nos partenaires et alliés américains : si nous voulons réussir et partir un jour, il faut que l’armée et la police afghanes soient prêtes à nous remplacer » estime-t-on à l’Elysée.

Reste à voir l’ampleur de cet effort, ses modalités et quand il se fera. « Il n’y a pas de moment (…) pas de délai. Il y a une certitude, c’est qu’il faudra davantage de formateurs et, partir de cette certitude, on est en dialogue avec le général McChrystal (nldr: le chef de l’ISAF) et d’autres pour voir quelle est la réponse la plus utile que la France puisse apporter » a ajouté cette source élyséenne, qui parle « d’une discussion technique sans priori ».

Cela étant, cette contribution française à la formation des forces afghanes ne se traduirait pas forcément par l’envoi d’instructeurs. Elle ne pourrait pas se faire « nécessairement totalement en Afganistan. Il peut y avoir d’autres formes utiles » a précise-t-on dans l’entourage du président.

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