Morin s’interroge sur la défense antimissile de l’Otan

Le 12 mars dernier à Varsovie, et plus récemment encore à Bruxelles, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a plaidé pour la mise en place d’une défense antimissile pour les pays membres de l’Otan, laquelle s’appuierait sur l’architecture du bouclier américain.

De passage à Paris, l’ancien Premier ministre danois a eu l’occasion d’aborder ce sujet avec Hervé Morin, le ministre français de la Défense. Or, et bien que le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale préconise la mise en place d’un système de détection avancée des tirs de missiles balistiques, ce dernier n’est pas totalement convaincu de l’utilité d’un système antimissile. « Dans l’histoire de l’humanité, le bouclier l’a-t-il remporté sur le glaive » a-t-il ainsi demandé lors du salon aéronautique de Dubaï en 2009.

Ainsi, pour Hervé Morin, développer un bouclier antimissile signifierait un manque de confiance dans la dissuasion nucléaire. En termes plus triviaux, ce serait comme porter une paire de bretelles avec une ceinture.

Aussi, quand Anders Fogh Rasmussen présente la défense antimissile comme étant une « mission » de l’Otan, le ministre français exprime son besoin d’obtenir une « série d’éclaircissements », tels que « le coût » d’un tel programme, « l’analyse de la menace » et le « rôle des Européens, sachant que les propositions américaines parlent de commandement et de contrôle ».

« A quelle menace répond-on, à quels risques et à quels vecteurs » s’est-il encore interrogé lors de la conférence de presse qu’il a donnée en compagnie du secrétaire de l’Otan à l’Hôtel de Brienne, ce 31 mars.

Toujours selon Hervé Morin, la mise en place d’un système antimissile ne doit pas se faire « au détriment de capacités militaires qui font déjà souvent défaut aux Européens » comme « les hélicoptères ou les moyens de transport », ce qui risque d’être le cas étant donné « les contraintes budgétaires » du moment.

Petite concession toutefois : le ministre français a reconnu que « la défense antimissile doit se concevoir plutôt comme un complément de la dissuasion » nucléaire. C’est aussi la position défendue par Anders Fogh Rasmussen.

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