Nouveau départ pour l’accord START

Il aura donc attendre quelques semaines de plus pour que la Russie et les Etats-Unis trouvent un nouvel accord de désarmement nucléaire pour remplacer le dernier en date, appelé START (Strategic Arms Reduction Treaty).

Ainsi, le texte qui a été négocié pendant presque un an, devrait être signé entre les deux pays le 8 avril prochain, à Prague. Le choix de la capitale tchèque n’est vraisemblablement pas un hasard : c’est là que le président américain, Barack Obama, a prononcé un discours, à pareille époque, appelant à un désarmement nucléaire global.

Concrètement, le nouveau START prévoit une réduction de 30% du nombre de têtes nucléaires que chaque pays met en oeuvre. Désormais, la Russie et les Etats-Unis auront le droit de détenir chacun 1550 ogives nucléaires au maximum, contre 2.200 actuellement en vertu de l’accord SORT signé à Moscou en 2002. Par ailleurs, le nombre de vecteurs (missiles et bombardiers) sera limité à 800 pour chacune des deux parties.

Mais ce n’est pas sur le nombre de têtes nucléaires que les négociateurs ont éprouvé le plus de difficultés. Conscients de leur infériorité militaire par rapport aux Américains, les Russes ont souhaité établir dans le nouveau traité un lien juridiquement contraignant entre les armes offensives et défensives, ce qui concerne le projet de bouclier antimissile porté par Washington.

Même si la nouvelle version de la défense antimissile proposée par Barack Obama en septembre 2009 ne passe plus par la Pologne et la République tchèque – ce que Moscou n’acceptait pas – elle implique l’installation de lanceurs en Roumanie, voire en Bulgarie. Et comme le Kremlin voit d’un mauvais oeil tout projet d’implantation militaire américaine dans son ancienne zone d’influence, ce dernier projet suscite quelques réserves.

Pour Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, le nouveau traité n’entravera pas « l’amélioration et le déploiement » du bouclier antimissile en Europe. Même son de cloche du côté d’Ellen Tauscher, le secrétaire d’Etat ajoint pour le contrôle des armements et la sécurité nationale. Selon elle, aucune diposition du texte n’implique des « contraintes en matière de défense antimissile ».

Cependant, le Kremlin a assuré que le texte que le nouvel accord présente bien un « lien » entre les armes offensives et défensives, les systèmes antimissiles étant classés dans la seconde catégorie.

Ce point est pourtant crucial. Car la signature d’un traité est une chose. Sa ratification par les parlementaires des pays qu’il concerne en est une autre. Et ce texte sera soumis au sénat américain alors que des élections de mi-mandat auront lieu en novembre prochain. Pour qu’il soit accepté, il faudra 67 voix sur 100, d’où l’obligation de convaincre aussi bien les élus démocrates que républicains. Or, ces derniers ont d’ores et déjà prévenu qu’il n’est pas question que le nouveau START prenne en compte la défense antimissile.

Si, effectivement, le Kremlin n’a pas obtenu de subordonner cette dernière à la diminution des armes nucléaires, l’on peut supposer qu’il ait eu quelques compensations. Comme par exemple le départ des inspecteurs américains du site de Votkinsk, où sont produits les missiles balistiques (Boulava et Topol) qui entreront prochainement en service au sein des forces stratégiques russes.

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