Le trafic de drogue, un enjeu de sécurité nationale pour le Mexique et les Etats-Unis

Arrivé au pouvoir en 2006, le président mexicain Felipe Calderon a décidé de mettre un terme au trafic de drogue et à la corruption qui minent son pays et mobilisé l’armée pour y parvenir.

Ainsi, le 12 décembre de la même année, une opération inédite, appelée Operativo Conjunto Michoacan, a été lancée par les militaires contre les cartels de la drogue afin de reprendre un territoire passé aux mains des narcotrafiquants.

Depuis, ce sont près de 50.000 soldats qui quadrillent le territoire mexicain pour tenter de mettre en échec les trafiquants de drogue qui, par ailleurs, se livrent une lutte fratricide pour contrôler des régions proches de la frontière américaine. Depuis 2006, cette guerre a fait déjà au moins 19.000 tués.

Cette guerre entre les narcotrafiquants mexicains s’expliquent par les chiffres : les Etats-Unis consomment 40% de la production mondiale de cocaïne et, selon l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), 70% des drogues vendues sur le territoire américain viennent du Mexique voisin, ce qui représente un marché évalué entre 20 et 40 milliards de dollars.

Cette manne est disputé par une dizaine d’organisations criminelles, parmi lesquelles la Fédération de Sinaloa, encore appelée le « Triangle d’or », dirigée par Joaquin Guzman, dit « el Chapo » (le petit), le cartel du Golfe (Los Zetas), ou encore le clan Beltran, qui contrôle 15% du marché de la drogue dans le pays. Au total, les deux principaux cartels représentent plus de 100.000 hommes, ce qui est à comparer aux 130.000 soldats que compte l’armée mexicaine.

Aussi, ces organisations criminelles, de par leur puissance, représentent une réelle menace de sécurité nationale non seulement pour le Mexique, mais aussi pour les Etats-Unis, qui ne peuvent se résoudre à avoir pour voisin un « narco-Etat ». D’où les efforts de Washington pour aider Mexico dans sa lutte contre ces narcotrafiquants, laquelle présente un bilan en demi-teinte, avec 8.392 arrestations et 2,5 tonnes de cocaïne saisis en 2009.

La situation mexicaine préoccupe les Etats-Unis depuis quelques années déjà. En 2008, l’administration Bush avait mis en place le programme Mérida doté de 1,3 milliard de dollars sur trois ans afin d’apporter au Mexique une aide logistique et de formation.

Le président Obama partage les mêmes inquiétudes que son prédécesseur à la Maison Blanche et souhaite renforcer la lutte conjointe contre les cartels. C’est donc dans cet esprit qu’une importante délégation américaine s’est déplacée à Mexico le 23 mars.

Entourée du secrétaire à la Défense, Robert Gates, du chef d’état-major interarmées, l’amiral Mike Mullen, du directeur du renseignement national, Dennis C Blair et du secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolito, Hillary Clinton a rencontré le président mexicain afin d’évoquer une « stratégie intégrale » contre les cartels de la drogue.

Ainsi, selon le ministre mexicain des relations extérieures, Patricia Espinosa, quatre objectifs ont été fixé lors de cet entretien. Il s’agit de démanteler les structures des cartels, d’apporter un soutien mutuel afin de renforcer la sécurité, de rendre la frontière pays plus sûres et d’intensifier la cohésion sociale « des communautés des deux pays ».

Parmi les mesures adoptées, un structure rassemblant des agents américains et mexicains sera ouverte et une aide en matière de renseignement et de lutte contre le blanchiment d’argent sera fournie par Washington. L’accent sera également mis sur le partage des informations et le suivi des différentes actions menées contre les narcotrafiquants.

Sur le plan financier, l’administration Obama a décidé de prolonger le programme Mérida jusqu’en 2011, avec une enveloppe de 300 millions de dollars à la clé.

Pour l’instant, la question d’un éventuel déploiement militaire américain au Mexique, comme cela a pu être le cas pour la Colombie en 1999, n’est pas à l’ordre du jour. D’ailleurs, le Mexique n’a nullement l’intention d’aller dans cette voie.

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