Propositions canadiennes pour transformer l’Otan

L’Otan doit changer. Ce constat avait été fait lors du sommet de l’Alliance atlantique de Strasbourg-Kehl en avril 2009 et, depuis, un nouveau concept stratégique est en cours d’élaboration et un processus de réflexion concernant le fonctionnement de l’organisation a été lancé, sous la houlette de Madeleine Albright, l’ancienne secrétaire d’Etat américaine de l’administration Clinton.

A cette fin, 26 experts canadiens, dont un ancien ministre de la Défense et trois anciens chefs d’état-major, ont rédigé un rapport qui vise à « examiner les obstacles actuels qui entravent l’Otan dans l’accomplissement de sa mission de ‘sauvegarder la liberté, l’héritage commun et la civilisation’ des Etats membres et à souligner quelles sont (…) les voies de recherche les plus importantes dans l’élaboration du nouveau concept stratégique », qui doit remplacer celui qui a été défini en 1999.

Ainsi, les auteurs du rapport, intitulé « La sécurité dans un monde d’incertitude. Un point de vue canadien sur le nouceau concept stratégique de l’Otan », ont notamment critiqué le mode de prise de décision au sein de l’Alliance, souvent lourd et frappé du « syndrome de l’ONU » qui se caractérise, selon eux, par l’autorisation d’actions qui ne bénéficient pas de « toutes les ressources qui seraient nécessaires » à leur succès.

« L’obligation de consensus dans la plupart des aspects de la gouvernance de l’Otan est notoirement lourde et frustrante » est-il estimé dans le document. « Or, quand la guerre froide a pris fin, de façon un peu abrupte pour certains, l’Otan, bien qu’en surface elle ait continué à fonctionner comme avant, a changé de focal. Donc, aujourd’hui, son coffre à outils ne s’aligne pas parfaitement à ses tâches » peut-on encore y lire.

Les missions de l’Otan ont donc évolué depuis la chute du Mur de Berlin. La preuve en est avec son engagement en Afghanistan. D’où le constat du rapport : « les énormes ressources militaires des membres de l’Alliance sont conçues principalement pour une défense territoriale statique qui ne conviennent pas à des campagnes expéditionnaires ».

Pour les experts canadiens, il convient d’en tirer les conséquences et de transformer l’Otan en une alliance à la fois souple et rapide, disposant de moyens suffisants, y compris civils, afin qu’elle soit capable d’intervenir dans des conflits asymétriques comme c’est actuellement le cas en Afghanistan ou encore au large de la Somalie où il s’agit de lutter contre la piraterie maritime. Autre exigence du rapport : le partage de coûts des opérations. Ces derniers doivent être mieux répartis entre les Etats membres.

Le document fixe ainsi quatre principes fondamentaux : « les engagements doivent être appuyés par des ressources », l’Otan doit développer ses « capacités d’affaires civiles » pour faciliter la reconstruction des pays où elle intervient, les opérations de paix doivent être financées « à partir d’un fonds commun » et l’Alliance est encouragée à nouer des « relations privilégiées avec des Etats démocratiques clés situés à l’extérieur de la région euro-atlantique, particulièrement avec ceux qui prêtent leur assistance en Afghanistan ».

Par ailleurs, le rapport canadien entend défendre les intérêts d’Ottawa au sein de l’Otan. Ses auteurs estiment d’ailleurs qu’ils ne sont pas « servis » quand il est accordé à l’Union européenne un « statut privilégié » à l’intérieur de l’Alliance.

Enfin, les experts estiment que la souveraineté canadienne et que l’autorité du Conseil de l’Atlantique nord est amoindrie quand « l’UE et les Etats-Unis « se consultent sur une question, pour ensuite mettre le conseil devant le fait accompli. »

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