Les Etats-Unis changent de méthode pour éradiquer les cultures de pavot en Afghanistan

 

D’après l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 92% de la production mondiale d’opium vient d’Afghanistan. Et le trafic lié à cette substance financerait à hauteur de 15% les groupes insurgés, ce qui représente entre 90 et 160 millions de dollars par an.

Mais les taliban ne sont pas les seuls à profiter de cette manne : les producteurs d’opium perçoit 700 millions de dollars pendant que 2,3 milliards vont garnir les poches des trafiquants. Par ailleurs, 60% des parlementaires afghans sont liés à des personnes qui ont un intérêt dans ces trafics.

Par conséquent, l’éradication des cultures de pavot est une tâche plutôt délicate, d’autant plus que la part des trafics d’opium dans l’économie des provinces de Kandahar et du Helmand, là où les insurgés sont les plus actifs, est de l’ordre de 30%.

Passer au défoliant un champ de pavot, c’est peut-être priver l’insurrection d’une source de financement, mais c’est aussi enlever le pain de la bouche des paysans afghans. Et quand on veut gagner « les coeurs et les esprits », il y aurait sans doute une autre façon de procéder, à l’image de ce que font les soldats britanniques et canadiens, qui se focalisent davantage vers les trafiquants que les producteurs.

Aussi, et alors qu’ils poussaient leurs alliés à s’impliquer davantage dans l’éradication de ces cultures, les Etats-Unis ont fait machine arrière. Désormais, il s’agit de privilégier « l’aide au développement de cultures vivrières » au détriment de celle du pavot. C’est en tout les cas ce qu’a indiqué David Johnson, le secrétaire d’Etat ajoint chargé du trafic de drogue international, le 1er mars.

Cette approche est somme toute logique car elle est en phase avec la stratégie de contre-insurrection préconisée par le général McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité, et qui met l’accent sur l’adhésion de la population civile au gouvernement afghan.

Ce dernier a d’ailleurs annoncé, le 3 mars, une campagne de destruction des champs de pavot, notamment dans le sud. Ce plan, qui va concerner 18 provinces sur les 34 que compte le pays, comporte trois phases : avertissement, prévention, éradication. Avant d’en arriver au dernier point, les paysans se verront proposer une aide pour changer de culture et passer à la production de céréales.

Ce programme, qui a déjà commencé dans certains districts du Helmand et dans les provinces de Farah et Nangahar, ne s’appliquera pas dans les régions où des opérations militaires sont en cours, comme à Marjah. Pour cela, il faudra attendre que les taliban en soient délogés ainsi que la mise en route des projets de développement.

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