Mistral gagnant

Ce ne sera donc pas un seul mais bien quatre Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC) que compte acquérir la marine russe, qui avait fait part de son intérêt pour ce type de navire lors du salon naval de Saint-Petersbourg, comme Zone Militaire l’avait indiqué l’été dernier.

A l’occasion de la venue à Paris du président russe, Dmitri Medvedev, le dossier de la vente de ce bâtiment conçu par DCNS et les chantiers navals STX, a connu une évolution favorable puisque désormais, la France et la Russie sont engagées dans des négociations exclusives, au détriment des Pays-Bas, qui navire similaire au BPC français, de la classe Johann de Witt, et de l’espagnol Navantia.

Cette vente de matériel militaire à la Russie, qui est une première pour un pays membre de l’Otan, inquiète non seulement les Etats-Unis, mais aussi et surtout les pays baltes et la Géorgie, qui ont eu maille à partir avec leur puissant voisin.

« Je comprends (leur) inquiètude liée à leur passé » avait déclaré Hervé Morin, le ministre français de la Défense, à Palma de Majorque, le 25 février dernier. « On ne peut en même temps vouloir bâtir un partenariat de paix et de sécurité en Europe avec les Russes, en regardant la Russie comme si c’était l’Union soviétique » avait-il poursuivi. « Il faut changer de lunette » avait-il conclu.

Etablir des relations nouvelles avec Moscou, tel avait été l’argument avancé par Hervé Morin lors de sa rencontre avec son homologue américain, Robert Gates, le 8 février. Interrogé sur la vente de BPC à la Russie, ce dernier ne s’était pas montré bavard sur le sujet. « Je dirai seulement que nous avons eu une discussion bonne et approfondie et je m’en tiendrai là » avait-il déclaré.

Lors d’une conférence de presse avec son homologue russe, tenue le 1er mars au soir, le président Sarkozy en a appelé à la cohérence et à « tourner la page de la guerre froide ». « Comment dire aux dirigeants russes ‘on a besoin de vous pour faire la paix, on a besoin de de vous pour résoudre un certain nombre de crises dans le monde’, notamment la crise iranienne qui est très importante mais ‘on ne vous fait pas confiance, on ne travaille pas avec vous sur le Mistral » a-t-il déclaré.

Maintenant que les négociations sont lancées, il reste à voir combien de BPC seront construits en France sur les quatre qui seront commandés. « Deux (à Saint-Nazaire) et deux (en Russie) serait un accord raisonnable » a avancé le président français, qui a par ailleurs précisé que les navires ne seront pas livrés avec leur équipement militaire.

Que cette vente plaise ou non à Washington et aux anciens satellites de l’URSS, le président Sarkozy a toutefois précisé qu’il n’est pas question de livrer les BPC avec de l’équipement militaire. Quoi qu’il en soit, cette vente sera une bouffée d’oxygène pour les chantiers navals de STX France, où l’activité tourne au ralenti, faute de commandes.

La France dispose de deux BPC en service (le Mistral et le Tonnerre). Un troisième a été récemment mis sur cale (le Dixmude). Navire le plus imposant de la Marine nationale, après le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, le BPC a démontré son utilité en évacuant vers l’île de Chypre 4,700 civils de Beyrouth, au moment des opérations militaires d’Israël contre le Hezbollah, au Liban, lors de l’été 2006.

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