Bercy lorgne sur les crédits d’équipement des armées

Depuis 2008, le ministère de la Défense subit un profond mouvement de réformes lié d’une part, aux orientations fixées par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, et d’autre part, aux objectifs de la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Cela se traduit par une refonte de la carte militaire, laquelle passe par la suppression de 80 casernes et autres bases aériennes ainsi que de 54.000 postes, ce qui suppose la dissolution d’unités et la mise en place du concept de base de défense (BdD).

Il s’agit, de manière générale, de mutualiser les moyens chaque fois que cela est possible afin de dégager des marges de manoeuvre budgétaires, ce qui devrait permettre d’investir massivement dans l’équipement des forces. D’ailleurs, en matière de RGPP, le ministère de la Défense est en avance sur les objectifs qui figurent sur sa feuille de route, notamment avec ceux de l’Ecologie et du Budget.

Le président Sarkozy l’a promis à plusieurs reprises : les fruits de ces efforts de rationalisation profiteront aux militaires et il n’est pas question d’y toucher. D’où la somme de plus de 100 milliards d’euros que prévoit d’investir la Loi de programmation militaire (LPM) 2009-2014 pour l’achat de nouveaux matériels, tels que les frégates FREMM, les système FELIN, les Véhicules blindés de combat et d’infanterie (VBCI) et les Rafale. C’est d’ailleurs le souhait du chef de l’Etat : il s’agit de mettre l’armée française aux « meilleurs standards ». C’est, en tout les cas, l’objectif des réformes en cours.

Seulement voilà, la France s’est engagée, vis-à-vis de Bruxelles, à réduire son déficit public total (Etat, collectivités locales et Sécurité sociale) de 8,2% à 3% du PIB en 2013. Pour y arriver, Bercy n’a pas 36 solutions : il faut geler les dépenses des ministères. Et, selon le Figaro, comme celles de la Défense doivent augmenter d’un milliard d’euros en 2012, grâce notamment aux efforts de restructuration, la tentation est grande au ministère du Budget de croquer une partie de ses crédits d’équipement, d’autant plus que les autres postes de dépense de l’Etat devront se serrer la ceinture.

Toucher aux crédits d’équipement des armées n’est peut être pas le meilleur calcul de Bercy, car ils permettent non seulement de financer l’innovation et le développement de technologies pouvant avoir une application civile (dites duales) mais aussi de maintenir certains savoir-faire stratégiques (A400M par exemple) et de soutenir l’activité chez les industriels français du secteur. Pour ce dernier point, les chantiers navals de STX France, actuellement en difficulté, accueilleraient certainement avec soulagement la commande du 4e Bâtiment de projection et de commandement (BPC) de la classe Mistral, promis à la Marine nationale par le Livre blanc sur la Défense. Enfin, l’étalement dans le temps des grands programmes d’armement, comme cela a été pratiqué par le passé, finit toujours par coûter très cher.

Selon le Figaro, les arbitrages seront rendus en avril prochain. Tout comme seront aussi annoncées les décisions de la RGPP numéro 2, qui devrait concerner plus particulièrement les fonctions support de l’Etat.

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