Irak : L’armée US s’apprête à changer de mission et accuse l’Iran d’ingérence

A partir du 1er septembre prochain, l’opération militaire « Iraqi Freedom », commencée le 20 mars 2003, va changer de nom et prendre celui de « Nouvelle Aube ». « Faire coïncider ce changement avec celui de la mission envoie un signal fort montrant que l’Opération Liberté pour l’Irak est terminée et nos forces remplissent une autre mission » a fait valoir Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense.

Actullement, les effectifs de l’armée américaine en Irak s’élèvent à environ 98.000 hommes, alors qu’ils avaient été portés jusqu’à 170.000 soldats au moment du « Surge » lancé par le président George W Bush, sur les recommandations du général David Petraeus, alors que le pays s’enfonçait dans une guerre confessionnelle.

Et conformément à un accord de sécurité signé en novembre 2008 (SOFA), qui prend en compte l’amélioration de la situation sécuritaire irakienne, les troupes combattantes américains devront avoir quitté l’Irak d’ici à la fin août 2010. Seul un contingent de 50.000 hommes, en charge de la formation et du conseil, y restera déployé jusqu’à la fin de l’année 2011.

Même si l’Irak est toujours en proie à des attentats suicides et à des attaques visant les forces de l’ordre – une voiture piégée a blessé 22 policiers à Mossoul, le 18 février -, le désengagement militaire américain continuera comme prévu, et cela, quelle que soit l’issue des prochaines élections législatives, qui expliquent en partie la recrudescence des violences depuis quelques semaines. « L’intérêt que nous portons au scrutin n’est pas lié au retrait de nos troupes, mais au développement d’une relation à long terme » a déclaré, le 17 février, Christopher Hill, l’ambassadeur américain en Irak.

Ce scrutin est lourd d’enjeux. A commencer par celui du paysage politique irakien qui en sortira et qui risque de ne pas plaire à tout le monde, ouvrant ainsi la voie à d’éventuelles dérives. Ainsi, le général Ray Odierno, le commandant des forces américaines déployées dans le pays, a jeté un pavé dans la marre en accusant deux reponsables politiques de haut rang de collusion avec Téhéran.

Les deux hommes, « clairement influencés par l’Iran » selon l’officier américain qui s’est exprimé, la semaine passée, à Washington devant l’Institute for the Study of War, font partie d’un comité chargé d’interdire à des individus – le plus souvent sunnites – ayant entretenu des liens avec le parti Baas de Saddam Hussein de se présenter aux élections. Ainsi, Ali al-Allami, le chef de cette structure officielle, et Ahmaed Chalabi, proche des Etats-Unis avant le début de l’opération de 2003 avant de se rallier au chef radical chiite Moqtada Sadr, auraient participé à des réunions en Iran en compagnie d’un collaborateur du commandant de la Force al-Quds, l’unité en charge des opérations secrètes des Gardiens de la Révolution.

« Et nous pensons qu’ils s’emploient activement à influencer l’issue des élections. Et le fait qu’ils puissent le faire est une source d’inquiétude » a déclaré le général Odierno, qui a par indiqué que la stratégie iranienne pour peser sur l’Irak passe par des moyens politiques et financiers et moins par le soutien à des groupes radicaux.

Autre dérive : celle du Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki. Alors qu’un différend l’a opposé avec le conseil de la province de Tikrit, le chef du gouvernement irakien n’a rien trouvé de mieux pour le régler que d’y envoyer l’armée.

Il s’agissait ainsi d’empêcher l’investiture du remplaçant de Mthasher Ulaiwi, un membre du Parti islamique irakien, qui avait été révoqué pour négligence mais qui, manifestement, et en raison du poids politique de son mouvement, avait les faveurs gouvernementales. L’affaire n’est toujours pas terminée et, visiblement, M. Maliki tente toujours d’influencer les choix du conseil de la province de Tikrit par l’intimidation.

D’où la question de la légitimité de ces élections qui viendra à se poser si ces manoeuvres cousus avec des fils trop blancs continuent. Il est à craindre que les représentants des communautés lésées reprennent le chemin des armes, avec d’autres puissances étrangères prêtes à souffler sur les braises.

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