A400M : Le patron d’Airbus fait la fine bouche

Pour la poursuite du programme d’avion de transport militaire A400M, les sept pays qui en ont commandé 180 exemplaires pour initialement 20 milliards d’euros, se sont mis d’accord pour proposer à EADS, la maison-mère d’Airbus Military, 3,5 milliards d’euros pour compenser une partie des 5,2 milliards de surcoûts causés par les difficultés techniques et la mauvaise organisation de l’industriel.

Selon les termes du contrat signé en 2003, les clients de l’A400M auraient pu être en mesure de renoncer à leur commande et d’exiger des pénalités à EADS pour les retards pris dans le développement de l’appareil si un moratoire n’avait pas été décidé pour permettre de renégocier un nouveau calendrier et de revoir certaines modalités. Comme ce programme a aussi et surtout une portée politique, il n’était pas question d’envisager son abandon, une option pourtant encore évoquée en décembre dernier par Thomas Enders, le patron d’Airbus.

Cela explique en partie l’effort consenti par les clients de l’A400M. Sur les 3,5 milliards d’euros proposés à EADS, 2 milliards correspondent à une hausse du coût unitaire de chaque appareil et les 1,5 milliards restants seront versés à EADS sous forme d’avances remboursables, gagées sur un éventuel succès de l’avion à l’exportation.

Et il n’est pas question d’aller plus loin, d’autant plus qu’un audit du cabinet PricewaterhouseCoopers réalisé en décembre 2009 à la demande de l’OCCAR, l’agence paneuropéenne d’armement, le groupe européen d’aéronautique et de défense serait capable d’assumer seul la totalité de la charge des surcoûts. Ce que ses dirigeants ont réfuté, en faisant valoir un taux de change euro/dollar désaventageux et la nécessité de consacrer des ressources à d’autres programmes civils tels que l’A380 et l’A350.

Seulement voilà, ces 3,5 milliards d’euros ne semblent pas convenir au PDG d’Airbus. « Nous avons fait des progrès, c’est indéniable » a-t-il ainsi déclaré au Financial Times, ce 19 février. Mais « je le considère comme un minimum par rapport à ce dont nous avons besoin pour continuer le programme » a-t-il estimé. « Je pense qu’il y a de bonnes chances que nous arrivions à un accord. Mais vous ne me verrez pas déborder d’enthousiasme » a encore poursuivi Thomas Enders, avant d’ajouter que la proposition des pays clients de l’A400M ne laissera pas EADS et sa filiale Airbus dans une « situation confortable ».

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