L’opération Mushtarak est « en bonne voie »

Après six jours de combats dans la province du Hemand, située au sud de l’Afghanistan, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), placée sous l’autorité de l’Otan, a indiqué que l’opération Mushtarak, qui mobilise 15.000 soldats alliés, est « en bonne voie ». Cette offensive a pour objectif de rétablir l’autorité du gouvernement afghan dans les secteurs de Nad Ali et de Majah où les taliban avaient établi une administration parallèle.

« L’opération progresse conformément au plan. Nos unités ont le contrôle de Marjah » a déclaré le général Shair Mohammad Zazaï, le commandant des forces afghanes dans le sud du pays. « Il n’y a pas de résistance contre nous à Marjah, sauf des tirs sporadiques à partir des toits des maisons quand nous arrivons dans le coin, ils (les insurgés) disparaissent » a-t-il ajouté.

En fait, la situation sur le terrain semble plus contrastée. L’ISAF a précisé que des taliban « quittent la zone même si des combattants ennemis continuent d’attaquer en combat direct les forces afghanes et de l’Otan ». Cependant, « les forces conjointes ont pris le contrôle de zones clés et les efforts entrepris pour contrôler les mouvements des insurgés ont été relativement remplis de succès » peut-on lire dans un communiqué.

Jusqu’à présent, les combattants taliban, dont le nombre est estimé à un millier au maximum dans la région, ont cherché à retarder la progression des soldats afghans et de l’Otan, notamment en posant un nombre important d’engins explosifs improvisés sur les voies de communication et en montant des embuscades. Ainsi, dans la journée du 17 février, un peloton de la compagnie K du 3e Bataillon de Marines a été accroché pendant près de quatre heures au nord-est de Marjah.

Fait nouveau, selon le New York Times il semblerait que les taliban aient recours à des tireurs d’élite capable de toucher leurs cibles à longue distance. Ces snipers opérent de façon isolée, ou bien participent aux embuscades avec les autres insurgés armés de kalachnikov.

Par ailleurs, l’armée afghane a accusé les insurgés de se servir de civils comme boucliers humains. « Ils placent femmes et enfants sur les toits des maisons et tirent » a ainsi affirmé le général Mohaidin Ghori, le commandant des forces afghanes impliquées dans l’opération. Ce que les taliban ont réfuté. « Nous n’avons jamais utilisé les civils comme boucliers humains. Nous sommes là, prêts à combattre les envahisseurs en combat direct » a répondu Yousuf Ahmadi, un de leur porte-paroles.

Cela étant, les dernières de poches de résistance sont en passe d’être réduites. « Nous sommes maintenant en train de consolider et d’effectuer une jonction entre ces objectifs » a indiqué le général Eric Tremblay, le porte-parole de l’ISAF. La situation sur le terrain a permis le déploiement de 1.100 policiers afghans dans les districts de Nad Ali et Marjah. « Le plan était que la police soit déployée au bout d’un mois, mais cela a changé et (…) les forces supplémentaires ont été déployées aujourd’hui (nldr: le 17 février) » a fait savoir le ministère afghan de l’Intérieur.

Si les talibans ont fixé les troupes alliées en certains endroits, nombre d’entre eux ont préféré abandonner leurs armes et se fondre dans la population civile ou encore se réfugier soit dans les provinces mitoyennes du Helmand, soit au Pakistan voisin. L’Otan cherche d’ailleurs a évaluer le nombre d’insurgés qui auraient ainsi franchi la frontière.

Il ne fait guère de doute que la première phase de l’opération Mushtarak sera un succès. Le rapport des forces en présence, nettement à l’avantage des troupes combinées (afghanes et celles de l’Otan), laissait présager un mouvement de fuite de la part des taliban, comme cela s’était déjà produit lors d’offensives précédentes. Mais il s’agit surtout de réussir la seconde phase, c’est à dire rester dans les districts de Nad Ali et Marjah, afin d’y instaurer un climat propice au développement économique et de faire en sorte que les civils comprennent qu’ils ont plus à gagner en soutenant le gouvernement de Kaboul qu’en laissant les insurgés s’installer dans leur région.

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