Le retour envisagé du service militaire en Afghanistan

L’annonce faite par le président Chirac de l’abandon de la conscription en France, en 1996, avait suscité l’opposition de certaines personnalités politiques, qui s’inquiétaient de l’avenir du lien armée-nation et de perdre ce qui passait jusqu’alors pour un « creuset ». En effet, étant donné que tous les jeunes d’une classe d’âge, le service militaire permettait de brasser des individus de toutes origines et de toutes classes sociales. Et puis le passage sous les drapeaux avait une valeur symbolique toute républicaine.

Seulement, avec le temps, les vertus de la conscription perdirent de leur vigueur dans le sens où elle avait perdu son aspect égalitaire : on ne parlait plus de service militaire mais de service national, c’est à dire qu’il était devenu possible d’échapper à la vie de caserne en choisissant, par exemple, de donner 10 mois au profit de la coopération. Et puis, le contexte international ayant évolué, la conscription ne correspondait plus aux besoins de l’armée française : le temps de la professionnalisation était donc venu. Ce que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient compris depuis longtemps.

En Afghanistan, la situation est toute autre. Les avantages d’un service militaire apparaît évidents : la population du pays étant composée par plusieurs éthnies différentes (pachtounes, tadjiks, ouzbeks, etc…), la conscription pourrait aider à cimenter la nation afghane, trop souvent déchirée pour des motifs religieux et éthniques.

Ce constat, le président Hamid Karzaï l’a fait lors de la 46e Conférence sur la sécurité de Munich, le 7 février dernier. « C’est philosophiquement, une de nos pistes de réflexion pour l’avenir, en concertations avec le peuple afghan » a-t-il indiqué au sujet d’un éventuel retour d’un service militaire.

« Pour le moment, nous avons un système reposant sur le volontariat, une armée professionnelle, mais l’Afghanistan, comme d’autres pays, a une forte tradition de conscription », a-t-il ajouté. Le fait est, le service militaire était obligatoire pour les hommes âgés de 18 à 45 ans jusqu’en 1992.

Pour Hamid Karzaï, la conscription permettrait aux « jeunes Afghans des provinces » de « rallier des centres d’entraînement et apprendre quelque chose avant de rentrer chez eux ». Seulement, il n’est pas certain que cette solution soit immédiatement applicable. D’une part, l’armée afghane manque de structures et de moyens pour équiper ses éventuels conscrits. Et d’autre part, au vu des conditions actuelles où il apparaît plus « profitable » pour certains de rejoindre les rangs taliban pour une poignée dollars par jour, les taux d’insoumissions et de désertions risqueraient d’être très élevés.

Cela étant, l’objectif pour les forces gouvernementales afghanes (armée et police) reste d’atteindre le seuil des 300.000 hommes d’ici à 2012. L’enjeu est, qu’en 2015, l’Afghanistan soit en mesure de prendre en main sa propre sécurité, ce qui permettrait un retrait militaires des forces de l’Otan.

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