A400M : Toujours pas d’accord, malgré des avancées

Les négociations se poursuivent pour tenter de sauver l’A400M, l’avion de transport européen développé par Airbus Military, une filiale du groupe EADS. L’enjeu est de trouver une solution pour financer les 5,2 milliards d’euros de surcoûts générés par les retards et les difficultés rencontrées lors de la mise au point de l’appareil, qui n’a effectué son premier vol d’essai que le 11 décembre dernier. Et encore, cette somme, aussi importante soit-elle, risque d’être plus élevée puisque le chiffre de 11 milliards a même été avancé.

Pour résumer les positions des uns et des autres, EADS estime ne pas avoir à prendre en charge seul l’intégralité de ces surcoûts. Le groupe a des raisons a faire valoir : il lui faut financer d’autres programmes civils en cours, tels que l’A380 et l’A 350, ainsi que préparer l’avenir en travaillant sur un successeur à l’A320. En clair, il n’est pas question que l’A400M plombe ses autres projets stratégiques. En outre, la responsabilité des retards et des surcoûts n’est pas du seul fait de l’avionneur. Les clients sont également fautifs, pour lui avoir imposé un cahier des charges trop complexe et un moteur de facture européenne qu’il ne voulait pas initialement et dont la mise au point – notamment au niveau logiciel – a posé des difficultés qui expliquent pour une bonne partie les retards de l’avion de transport militaire.

Pour les sept pays clients, qui attendent la livraison des 180 appareils commandés pour 20 milliards d’euros, il n’est pas question non plus de faire une fleur à EADS  en prenant en charge l’intégralité de ces surcoûts. L’Allemagne se montre par ailleurs la plus dure dans les négociations, rappelant qu’un « contrat, ce n’est pas de la sémantique ».

Pour l’instant, les clients ont mis sur la table 2 milliards d’euros. Une somme jugée insuffisante par EADS. Aussi, la réunion des ministres de la Défense de l’Otan à Istanbul devait permettre de finaliser un accord. Si cela n’a pas été le cas, quelques évolutions sont toutefois à relever. Ainsi, et alors que Paris s’y opposait jusqu’alors, il serait question de proposer des avances remboursables à l’avionneur, comme cela est de mise pour l’aviation commerciale. Il est à noter que cette pratique serait appliquée pour la première fois à un programme d’armement.

« J’ai eu l’accord du Premier ministre pour que la France mette en oeuvre un dispositif d’avances remboursables à hauteur d’environ 400 millions d’euros » a indiqué, le 4 février, Hervé Morin, le ministre de la Défense. « Compte-tenu du potentiel d’exportation du programme, ce système (…) pourrait être commun aux pays ayant les retombées industrielles le splus importantes, c’est à dire la France, l’Allemagne et l’Espagne » a-t-il ajouté.

Le total de ces avances remboursables serait compris entre 1 et 1,5 milliard d’euros et s’ajouterait aux 2 milliards déjà consentis par les sept pays clients. Cette somme a été confirmée par Carme Chacon, le ministre espagnol de la Défense. Mais « nous n’avons pas conclu d’accord sur un chiffre sous quelque forme que ce soit et pas davantage sur la manière dont (ce montant) sera réparti » a cependant nuancé Karl-Theodor zu Guttenberg, son homologue allemand, pour qui l’A400M a une « importance stratégique » si l’on se référe aux propos tenus par la chancelière Angela Merkel, lors d’une conférence de presse commune avec le président Sarkozy, le 4 février.

Par conséquent, si des « jalons significatifs ont été franchis dans la négociation », pour reprendre les termes du communiqué publié à l’issue de la réunion des pays clients, l’accord final reste encore à trouver. Cela pourrait être le cas les 24 et 25 février prochains, à Palma de Majorque, à l’occasion d’une réunion informelle des ministres de la Défense de l’Union européenne. A condition qu’EADS fasse « un effort supplémentaire » a rappelé Hervé Morin. « Les Etats veulent cet avion mais pas à n’importe quel prix » a-t-il prévenu.

Le Plus : L’assemblage du 4e prototype de l’A400M, le MSN4, a commencé à Séville, le 3 février. Les ailes de l’appareil sont déjà arrivées sur les chaînes de montage. Il reste à venir la dérive verticale, qui doit arriver d’Allemagne dans quelques jours, et le fuselage, qui est attendu en mars. Cet avion devrait prendre l’air avant la fin de l’année.

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