Un traité pour empêcher une cyberguerre

Avec l’importance prise par les réseaux numériques, le piratage informatique peut désormais faire partie des capacités militaires dont un pays peut faire usage pour paralyser un adversaire. Le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, publié en juin 2008, a d’ailleurs identifié cette nouvelle menace. « Les risques d’attaque de grande ampleur auxquels la société et les pouvoirs publics sont encore mal préparés, doivent donc faire l’objet d’une attention nouvelle, aussi bien pour le renforcement des défenses que pour les capacités de rétorsion » peut-on lire dans ce document.

Pour Hamadoun Touré, le secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence des Nations unies, le risque d’une guerre dans le cyberespace entre deux pays devient plus important d’année en année. Le fait est, il y a déjà eu des prémices de ce que l’on pourrait appeler un « cyberconflit », notamment avec les attaques de serveurs estoniens en 2007 par des pirates russes, ou encore lors des hostilités entre la Russie et la Géorgie en août 2008, au cours desquels des sites officiels géorgiens avaient été attaqués. La Chine est régulièrement citée dans des rapports américains pour ses activités d’espionnage et de surveillance sur Internet.

Pour éviter une cyberguerre, M. Touré a préconisé, à l’occasion d’une intervention au Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) de Davos, qui a pris fin le 31 janvier, d’élaborer un traité qui engagerait ses signataires à ne pas lancer de cyber-attaques contre un adversaire. « Une cyber-guerre serait pire qu’un tsunami – une catastrophe » a-t-il ainsi fait valoir. Et de proposer un projet de texte qui « ressemblerait à un traité de paix avant une guerre ». Ainsi, les pays s’engageraient à protéger leurs citoyens et à garantir leur droit à l’information ainsi qu’à ne pas abriter de « cyber-terroristes ».

Seulement, l’existence d’un tel traité n’écarterait pas forcément tout danger. En effet, les attaques informatiques ne sont pas seulement du ressort des seuls Etats mais aussi d’organisations criminelles ou même de pirates « indépendants ». La preuve vient d’en être apportée avec la destabilisation du marché du CO2 par des hackers et dont l’édition du quotidien La Tribune en date du 2 février s’est fait l’écho.

Pour ce qui est de la cyberguerre, c’est à dire la capacité d’un pays à perturber, voire à détruire, par une cyber-attaque, des infrastructures comme par exemple un réseau électrique – ce qui peut être assimilé à un acte de guerre puisque le même résultat peut être obtenu par un bombardement – une dizaine de pays disposent de moyens assez élaborés en la matière. Le président de la société McAfee, spécialisée dans la sécurité informatique, a même évoqué une course aux « cyber-armes » lors de son intervention au WEF du 29 janvier

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