Mieux vaut tard que jamais

Tannay, 24 mai 1940. L’armée allemande, qui applique la tactique dite de la guerre éclair (blitzkrieg), attaque là où l’état-major français s’y attendait le moins, c’est à dire dans les Ardennes. A charge pour les unités françaises déployées dans la région de bloquer cette offensive.

C’est dans ce contexte que les 47 cavaliers restants du 93e Groupement de Reconnaissance de Division d’Infanterie, une unité de l’arme blindée cavalerie issue du 20e Régiment de Dragons dissous en 1940, reçoivent l’ordre de contre-attaquer des troupes largement supérieure en nombre et en armement, bénéficiant d’un soutien d’artillerie.

Ainsi, à 18 heures précises, les hommes du 93e GRDI partent à l’assaut, baïonnette au canon… Dès les premiers instants, pris sous un violent tir de barrage allemand, 12 militaires français sont tués, dont le capitaine Charlois dont on ne retrouvera, plus tard, qu’un galon et un porte-clef. Seuls cinq cavaliers sortent indemnes de ce déluge de feu. Tombés nez-à-nez avec un bataillon allemand, ils sont faits prisonniers. Un peu plus tard, une dizaine de chars du 49e BCC passent à l’attaque à leur tour. Ils seront pratiquement tous détruits par l’artillerie allemande…

Le maréchal des logis Roger Avignon, âgé de 94 ans, appartenait au 93e GRDI. Il a fait partie de ceux qui n’ont pas hésité à monter à l’assaut contre des forces largement supérieures à tout point de vue. Acteur de cette tragédie, il n’a eu de cesse, depuis, de se dévouer corps et âme pour la mémoire de ses frères d’armes et plus généralement pour l’histoire de l’arme blindée cavalerie. D’ailleurs, les spécialistes des blindés, qui le connaissent forcément, le savent mieux que quiconque.

Sa conduite héroïque devant le feu ennemi aurait dû lui valoir la reconnaissance de la Nation. Or, jusqu’à présent, ce n’était pas le cas. Certes, en mai dernier, le conseil municipal de Tannay a baptisé une rue de la ville du nom du maréchal des logis Roger Avignon, en mémoire des défenseurs de cette localité, qui furent en quelque sorte les premiers résistants.

Mais est-ce parce qu’il fallait oublier le désastre de mai-juin 1940, dont pourtant, les combattants ne peuvent pas être tenus pour responsables? Toujours est-il que la République française avait oublié de distinguer Roger Avignon, et à travers lui, ses compagnons d’armes. Cet oubli est désormais réparé. En effet, la Médaille militaire lui a enfin été décernée le 14 janvier, à l’occasion d’une cérémonie émouvante.

En savoir plus : Le site officiel du 20e Régiment de Dragons, où l’on peut lire le récit détaillé des combats de Tannay.

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