Le ministre irakien de la Défense veut payer ses informateurs

Pour le général David Petraeus, le chef de l’US Centcom, le commandement américain en charge du Moyen Orient et de l’Asie centrale, al-Qaïda aurait changé de stratégie en Irak pour avoir subi « des revers importants en terme de capacités ». En marge d’une conférence à Bahreïn, l’officier a également ajouté que « le flux de combattants étrangers en provenance de Syrie s’est considérablement tari, passant de 110 par mois au plus fort, à dix par mois aujourd’hui ». Du coup, la franchise irakienne de l’organisation de ben Laden est contrainte de revoir ses plans et cela passe par des attentats moins fréquents mais plus spectaculaires, comme cela a été le cas à Bagdad, le 8 décembre, avec une série d’attaques qui a fait 127 tués et 448 blessés.

L’enquête portant sur ces attentats à conduit à l’interpellation de 13 personnes. « Nous avons arrêté 13 criminels impliqués dans les explosions de mardi et ils seront condamnés. Je peux vous assurer que nos forces sont capables de relever les défis auxquels elles sont confrontés sur le terrain » a affirmé le ministre irakien de l’Intérieur, Jawad Bolani, devant les parlementaires. « Nous avons dans notre ministère un département d’information et d’investigation qui consacre 50% de son travail à la lutte contre le terrorisme » a-t-il précisé.

Et le renseignement est justement le point faible des forces de sécurité irakiennes. Ainsi, l’ancien commandant militaire de Bagdad puisque démis de ses fonctions au lendemain des attentats, le général Abboud Qanbar, a affirmé devant les mêmes députés que les informations fournies par l’armée américaine sur d’éventuelles attaques prévues pour être commises le 8 décembre s’étaient révélées inexactes.

« Deux attentats devaient se produire après 8H30, l’un à l’intérieur de la zone verte (le secteur prtégé de Bagdad) et l’autre à ka Foire internationale, et nous les avons transférées immédiatement aux commandants locaux » a-t-il affirmé. « Mais les attentats ne sont pas produits à ces endroits et le type de voitures utilisées n’était pas celui qui nous avait été transmis » a-t-il ajouté.

Le manque d’informations sur les activités terroristes est une des préoccupations d’Abdel Qader Obeidi, le ministre irakien de la Défense. « L’ennemi est fort : il a le soutien d’anciens agents des services de renseignements (ndlr: de Saddam Hussein) et bénéficie d’appuis régionaux » a-t-il commencé par dire aux parlementaires. La veille, il avait signalé la découverte de 440 bombes et grenades antichars d’origine russe et venues de Syrie. Le ministre a ensuite déploré le manque de moyens de son administration. « Quand nous présentons notre budget, le ministère des Finances en sabre la moitié et quand il passe au Parlement, les députés coupent à nouveau 25% de certaines rubriques » a-t-il avancé.

Et bien évidemment, pour Abdel Qader Obeidi, ces coupes sombres ne sont pas sans conséquences. « Nos services de renseignement manquent cruellement d’informations car leur budget est très faible. Pour payer un informateur, la loi les oblige à fournir son nom complet et ses sources » a-t-il expliqué. Pour y remédier, le ministre a ainsi demander au chef du gouvernement irakien, Nouri al-Maliki, une enveloppe supplémentaire pouvant lui permettre de « verser des primes allant de 5 à 50 millions de dinars (4.200 à 42.000 euros) à ceux qui rapportent des informations » et de leur garantir leur anonymat.

Sans doute que ces revendications pourront être prochainement satisfaites : en effet, l’Irak a l’ambition de devenir le premier pays producteur d’or noir dans les six ans qui viennent et compte renflouer ses caisses à hauteur de 135,5 milliards d’euros grâce aux royalties liées aux licences d’exploitation accordées aux grands groupes d’énergie. Et pour l’instant, c’est la China National Petroleum Corporation (CNPC) qui s’est taillée la part du lion dans l’attibution par Bagdad des concessions pétrolières.

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