La Brigade franco-allemande en Afghanistan?

Certes, la France et l’Allemagne ont indiqué attendre les conclusions de la conférence internationale sur l’Afghanistan du 28 janvier 2010 pour se prononcer sur l’envoi d’éventuels renforts. Selon les informations du quotidien Le Monde, le président américain, Barack Obama, aurait demandé respectivement 1.500 et 2.000 soldats de plus à son homologue français, Nicolas Sarkozy, et à la chancelière allemande, Angela Merkel.

D’ores et déjà, et dans le cas où la requête du locataire de la Maison Blanche serait acceptée, Paris a fait savoir que les nouvelles troupes éventuellement déployés serviraient à la formation des forces de sécurité afghanes. Quant à Berlin, il faudra convaincre les parlementaires de la majorité au pouvoir de la pertinence d’une augmentation des effectifs de la Bundeswehr en Afghanistan.

Seulement voilà, le chef d’état-major de l’Otan, le général allemand Karl-Heinz Lather, a déclaré, le 14 décembre, qu’il faudrait deux groupements tactiques supplémentaires dans le nord de l’Afghanistan, justement placé sous la responsabilité de l’Allemagne. « Du point de vue militaire, le quartier général allié en Europe (le Shape) croit qu’il faut envoyer dans cette zone deux groupes tactique, c’est à dire de 250 à 1.500 hommes chacun » a-t-il ainsi affirmé.

Mais comme le numéro trois du Shape est au courant des réticences de Paris et de Berlin, il a indiqué s’attendre à une « décision politique » de la part de ces deux capitales, qui, de par le poids qu’elles représentent au sein de l’Alliance atlantique, auront bien du mal à justifier leur refus de participer à l’effort demandé par Washington pour appliquer à l’Afghanistan la nouvelle stratégie développée par Barack Obama le 1er décembre dernier. D’où la fourchette large évoquée par le général Lather sur les besoins exprimés.

Par ailleurs, un responsable de l’Otan, bien placé, a fait savoir que la France et l’Allemagne auraient dans l’idée de lancer une initiative « sans doute à coloration européenne » pour l’Afghanistan… Et ces 3.000 hommes demandés pourraient être fourni par la Brigade franco-allemande (BFA), qui vient de fêter ses 20 ans le 2 octobre.

C’est en tout les cas l’hypothèse évoquée par un officier de l’Otan, sous le couvert de l’anonymat : « 3.000 soldats, c’est ce que compte actuellement la Brigade franco-allemande, avec deux bataillons de manoeuvre, l’un allemand, l’autre français, plus un bataillon de soutien. »

La BFA, composée par le 110e régiment d’Infanterie et le 3e Hussards côté français et par trois unités d’infanterie (292e Jägerbataillon), de génie et d’artillerie côté allemand, a déjà été engagée sur des théâtres d’opérations extérieures, comme en Bosnie Herzégovine (1996 et 2002), au Kosovo (2009) et en Afghanistan, plus précisément à Kaboul, d’août 2004 à février 2005.

Seulement, même si la situation sécuritaire du nord afghan n’a rien à voir avec celle qui prévaut dans la province du Helmand et à Kandahar, il n’en reste pas moins que le contexte n’est plus du tout le même. Et si l’idée paraît simple sur le papier, elle suppose de régler d’autres problèmes avant de la mettre en application. A commencer par la préparation des militaires de la BFA aux conditions qu’ils risqueraient de rencontrer en Afghanistan dans le cas où leur déploiement serait décidé.

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