Le certificat de décès du Baron Rouge retrouvé

Dimanche 21 avril 1918. Le capitaine Manfred von Richtoffen, dit le « Baron Rouge » décolle du terrain de Cappy, à bord de son triplan Fokker Dr.I, et prend la la tête d’une formation de  la Jasta 11, avec ses avions peints avec des couleurs criardes, ce qui lui vaut d’être appelée le « cirque von Richtoffen ».

Le Baron Rouge n’est pas n’importe qui. Venu de la cavalerie comme bon nombre de pilotes aux débuts de l’aviation de chasse, Manfred von Richtoffen est l’as des as allemands, avec près de 80 victoires aériennes (le Français Fonck le talonne de près avec 75 avions abattus). Autant dire que beaucoup, à l’époque, aimeraient défier cet aviateur hors-norme et le surclasser.

Ce jour d’avril, les dix avions de la Jasta 11 rencontrent une formation britannique, l’escadrille 209, équipée de Sopwith Camel. Le combat s’engage alors. Reconnaissable entre tous avec son avion peint en rouge, Manfred von Richtoffen se lance à la poursuite d’un pilote canadien, Wilfrid May, qui quelques instants plus tôts, pourchassait  le cousin du Baron Rouge, Wolfram.

Le pilote de Sopwith Camel est une proie facile pour von Richtoffen, d’autant plus que sa mitrailleuse s’est enrayée. Un autre aviateur britannique, le capitaine Arthur Roy Brown, s’aperçoit du danger couru par son jeune équipier et prend en chasse, à son tour, l’as allemand. Ce dernier, voyant qu’il n’aura pas le dessus, rompt le combat. Seulement, pris par la poursuite, von Richtoffen aurait mal évalué sa position exacte. Il se pose alors derrière les lignes britanniques, dans les environs d’Amiens.

Le Fokker Dr.I se pose sans trop de casse. Et à partir de là, deux versions contradictoires s’affrontent : l’une indique que le Baron Rouge aurait été retrouvé mort aux commandes de son appareil tandis que l’autre assure qu’il aurait succombé à ses blessures. Pour tenter d’éclaircir ce point, un historien polonais, Maciej Kowalczyk, a récemment une découverte intéressante en mettant la main sur le certificat de décès de Manfred von Richtoffen.

Et selon ce document, qui n’est qu’une simple note manuscrite retrouvée dans le registre des décès de la ville d’Ostrow Wielkopolski, annexée pendant un temps par l’Allemagne, le Baron Rouge serait mort de ses blessures reçues au combat. Bien évidemment, il n’est pas du tout certain que ce papier mette fin à la polémique sur les circonstances exactes de la mort de l’aviateur allemand, étant donné que ce sont des soldats britanniques et australiens qui eurent son corps entre leurs mains.

Mais à cette époque, l’aviation de chasse naissante était marquée par un esprit chevaleresque : c’est à dire que les adversaires se respectaient. Aussi, les honneurs militaires furent rendus au Baron Rouge, le lendemain de son décès, lors de son inhumation à Bertangles par les troupes alliées. Le 23 avril, un Sopwith Camel survola le terrain de Cappy et largua un message indiquant laconiquement « Capitaine von Richtoffen, blessé mortellement en combat aérien et enterré avec les honneurs militaires ».

Quoi qu’il en soit, ce certificat de décès retrouvé par cet historien polonais ne permet pas de connaître l’identité de celui qui a tué l’as allemand. Le capitaine Roy Brown, qui s’était lancé à sa poursuite, avait déclaré être l’auteur du tir fatal. Mais cette « victoire » lui fut contestée par un bataillon australien, stationné dans le secteur d’Amiens.

Pour aller plus loin : Le dernier vol du Baron Rouge et son journal intime en ligne (en anglais)

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