Bugaled Breizh : un sous-marin Dolfijn impliqué dans le naufrage?

« Discussion longue, amicale et très courtoise ». C’est ainsi que Robert Bouguéon, le président du comité local des pêches du Guilvinec, a qualifié la rencontre de la délégation des familles des marins du chalutier Bugaled Breizh et du ministre de la Défense, Hervé Morin, le 9 décembre dernier.

Pour expliquer le naufrage rapide du Bugaled Breizh, le 15 janvier 2004, deux thèses sont en précense. L’une, avancée par le Bureau Enquête Accident Mer (BEA MER), évoque une croche du train de pêche par un obstacle de fond. Pour les familles des pêcheurs, le responsable du drame serait un sous-marin qui aurait accroché le chalutier.

Cette version, notamment défendue par l’écrivain Yann Queffélec, se base sur la présence de submersibles dans la zone où le Bugaled Breizh se situait au moment du naufrage ainsi que sur un rapport de l’amiral (2S) Dominique Salles, sous-marinier de formation, selon lequel un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) pourrait être impliqué dans la perte du chalutier. D’où les demandes répétées, depuis, de levée du secret défense concernant les opérations militaires en cours le jour de l’accident. Seulement, du côté de l’Hôtel de Brienne, on assure que tous les documents concernant le naufrage ont déjà été déclassifiés.

« J’ai essayé de les persuader de notre sincérité, que la France n’a rien à cacher dans cette affaire et que toute une technostructure administrative, militaire et politique ne peut cacher quelque chose sur les causes de ce naufrage » a déclaré Hervé Morin, à l’issue de la rencontre avec les familles des marins disparus du Bugaled Breizh.

Seulement, et si la thèse du sous-marin est « hautement probable », il reste à savoir à qui il appartient. Les positions des submersibles de la Marine nationale étant connues de la justice, le champ des possibilités se réduit à quelques nations.

L’idée d’un sous-marin venu espionner les exercices de l’Otan a fait partie des hypothèses. « On a nous expliqué que la profondeur dans la zone du naufrage ne permettait pas la présence de deux sous-marins. Il ne peut donc pas s’agir d’un bâtiment espion compte tenu du déroulement de l’exercice de l’Otan » a déclaré Rémy Gloaguen, le frère d’un marin du Bugaled Breizh.

Reste la possibilité d’un accrochage entre le chalutier et un sous-marin néerlandais Dolfijn, qui prenait part aux manoeuvres de l’Otan et qui aurait été relativement proche du bateau de pêche peu avant son naufrage. Et les soupçons sont d’autant plus forts que le submersible en question a été réparé quelques temps après le naufrage du Bugaled Breizh. Seulement, il ne s’agit nullement d’un navire à propulsion nucléaire, ce qui ne va pas dans le sens de l’expertise de l’amiral Salles.

Cette affaire fait l’objet d’un complément d’enquête. Un autre rapport a été commandé à Dominique Salles pour tenter d’y voir plus clair. Le document devrait être remis à la chambre d’instruction de la cour d’appel de Rennes d’ici au 31 mars 2010.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]