La junte guinéenne accuse la France

Victime d’une tentative d’assassinat le 3 décembre dernier, le chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, se remet peu à peu d’une opération subit à Rabat pour un « traumatisme crânien ». « Il est conscient et parle lentement à ses visiteurs. Son attitude est normale », a ainsi confié une source anonyme à l’Agence France Presse.

En attendant le retour du capitaine Camara aux affaires, le général Konaté, le ministre de la Défense, assure non seulement l’intérim mais aussi la reprise en main de l’armée guinéenne.

« Il y a quelques jours que notre président a échappé à un attentat (…) : c’est une honte pour notre nation, c’est une honte pour notre armée » a-t-il ainsi déclaré devant des militaires du camp d’Almony Samory, lors d’une allocution diffusée par la télévision d’Etat. « La discipline était complétement bafouée, il faut faire revenir la discipline » a-t-il insisté. « Nous demandons aussi la cohésion (…). L’armée est indivisible, on est une famille » a-t-il poursuivi.

« Nous ne devons plus laisser des gens indésirables agir en notre sein (…). Il faudrait que vous-mêmes vous nous aidiez à lutter contre les mauvaises graines, les éliminer carrément de nos rangs » a encore lancé le général Konaté, qui joua un rôle déterminant lors du coup d’Etat qui a suivi la mort deu président Lansana Conté, en décembre 2008.

Ces propos  visent tout particulièrement celui qui a fait le coup de feu, à savoir le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, qui était l’aide de camp du chef de la junte. Pour tenter de mettre un terme à sa fuite, près d’une centaine de militaires figurant parmi ses proches, ont été arrêtés depuis le 3 décembre. « Les enquêtes vont bon train, nous espérons que ce n’est qu’un problème de jour pour rattraper le fugitif » a indiqué le colonel Moussa Keïta, ministre secrétaire permanent de la junte. « Déjà, les 96% de ses lieutenants proches sont sous les verrous » a-t-il continué .

Mais les militaires ne sont pas les seuls concernés par cette vague d’arrestations. Des civils ont ainsi été violemment interpellés dans un quartier de la banlieue de Conakry, le 7 décembre. Ce qui ne semble pas toubler le colonel Keïta. « La Guinée est un pays de rumeurs, les gens cherchent toujours à nuire au CNDD (ndlr: Conseil national pour la démocratie et le développement), (…), sinon, pratiquement, il n’y a pas eu d’abus (…) et le ministre de la Défense a demandé de protéger les civils et leurs biens » a-t-il avancé.

Cela étant, Idrissa Chérif, le ministre guinéen chargé de la communication de la présidence et du ministère de la Défense, donc un proche du général Konaté, a accusé la France d’avoir organisé un complot contre le capitaine Dadis Camara. « Plusieurs personnes ont été arrêtées et interrogées » a-t-il dit, le 8 décembre. « Je confirme que nous avons des aveux qui prouvent que les services français sont derrière la tentative d’assassinat du président » a-t-il affirmé. « Ils ont eu des complices aussi bien à l’intérieur du pays, qu’à l’extérieur et nous en avons les preuves. Dans les prochains jours, vous serez édifiés' » a-t-il poursuivi.

« Ce sont des rumeurs absurdes que nous démentons catégoriquement » a affirmé Bernard Valéro, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, en réponse aux allégations d’Idrissa Chérif.

En fait, l’accusation de la junte est fondée sur l’idée selon laquelle le fugitif aurait trouvé refuge à l’ambassade de France en Guinée. D’ailleurs, le Quai d’Orsay a confirmé, le 9 décembre, que des militaires avaient eu l’intention de fouiller la voiture de l’ambassadeur de France, ce qui a valu une protestation officielle auprès du ministère guinéen des Affaires étrangères « contre ces manières de procéder et contre ce qui constitue une tentative délibérée de violation de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques ».

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