Une question à 50 millions de dollars

Où est Oussama ben Laden, dont la tête vaut 50 millions de dollars? Depuis que le chef d’al-Qaïda a réussi à échapper aux militaires américains lors des combats de Tora Bora, en décembre 2001, il est fortement soupçonné d’avoir trouvé refuge dans une des zones tribales pakistanaises, ce qu’Islamabad nie. Comme l’a fait encore, la semaine passée, le Premier ministre pakistanais, Yusuf Raza Gilani, à l’issue d’un entretien avec Gordon Brown, son homologue britannique. « Je ne pense pas qu’Oussama ben Laden est au Pakistan » a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.

Invité par la chaîne de télévision ABC, le 6 décembre, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a quant à lui indiqué ne pas savoir où se cache le chef d’al-Qaïda. « On ne sait pas où Oussama ben Laden se trouve. Si on le savait, on serait allé le chercher » a-t-il affirmé, en ajoutant que les Etats-Unis de possédaient pas d’informations fiables à ce sujet « depuis des années ».

Cependant, l’idée selon laquelle il suffirait de localiser de ben Laden pour l’appréhender est surtout plus facile à dire qu’à réaliser. En effet, une telle opération conduirait inévitablement à des complications diplomatiques et judiciaires. A moins d’avoir l’accord du pays où se cacherait le chef d’al-Qaïda…

En 2005, une mission de ce type avait été envisagée pour capturer le numéro deux de l’organisation terroriste, l’égyptien Ayman al-Zawahiri. Il était prévu d’y envoyer à Bajaur, au Pakistan, un équipe de Navy Seals à cette fin. Mais finalement, tout avait été annulé au dernier moment, en raison de doutes sur la fiabilité des renseignements, du risque trop élevé de l’opération et de désaccords entre la CIA, le Pentagone et les autorités politiques.

Par ailleurs, et sauf à considérer une éventuelle frappe ciblée qui en ferait un martyr, comment pourrait-on envisager « d’aller chercher » ben Laden quand, au cours d’un entretien accordé à la chaîne CBS, Robert Gates déclare qu’il n’est pas question de poursuivre les chefs taliban afghans au Pakistan? Ce pays est « souverain » a-t-il affirmé. « Nous avons un partenariat avec eux. Je pense que c’est à l’armée pakistanaise de répondre à ce problème » a-t-il ajouté. Or, on sait que les autorités pakistanaises se gardent, du moins pour l’instant, de mener des actions contre le mouvement taleb afghan et que la tranquillité de leur chef, le mollah Omar, établi à Quetta, au Balouchistan, n’est nullement menacée.

Conseiller à la sécurité nationale du président Obama, l’ancien général des Marines, James Jones, a été plus affirmatif que le secrétaire à Défense au sujet de ben Laden. Interrogé au cours de l’émission « State the Union », sur CNN, il a évoqué de récents rapports du renseignement qui laisseraient à penser que le chef d’al-Qaïda « est quelque part au Waziristan du Nord, parfois du côté pakistanais de la frontière, parfois du côté afghan, et qu’il se cache dans une région montagneuse très hostile ».

Cependant, et là on comprend mieux le sens des déclarations de Robert Gates, l’hypothèse d’un ben Laden vivant dans des conditions extrêmes est difficilement imaginable , ce qui  contredit les déclarations de James Jones. Récemment, des experts indépendants avaient mis en doute cette éventualité dans une étude publiée par l’Université de Californie.

Selon eux, le chef terroriste se cacherait bien au Pakistan mais en milieu urbain pour au moins trois raisons : cela lui permettrait de continuer à communiquer, une ville est l’endroit le plus approprié non seulement pour échapper à toute surveillance aérienne et à une éventuelle frappe ciblée mais aussi pour se défendre en cas d’une opération clandestine visant à le capturer et surtout, son état de sante – on le sait malade d’un rein – nécessite de vivre à proximité d’un hôpital.

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